Close your eyes, Too late Now, Quasimodo, Lover come back to me, Dream dancing, Blue Lou, Some other time, You're a lucky guy, You're all the world for me, What’s new, l'm shooting high, Not exactly Paris.
Enregistré en mai 2003, voilà un disque comme on en fait bien rarement de nos jours: pratiquement pas de déchet, des solistes inspirés, une rythmique swingante, le tout dans une ambiance purement "jazz" tout au long de cette séance.
Warren Vaché est un remarquable trompettiste (cornettiste serait plus exact), d'une technique à couper le souffle, qui a miraculeusement échappé aux courants progressistes et n'a cessé de s'exprimer dans le plus pur langage du jazz, tout en forgeant son propre style, original et personnel, indice d'une forte individualité musicale. Par l'imagination, l'élégance de ses développements mélodiques, il appartient à la famille des Buck Clayton et autres Bill Coleman, mais sa virtuosité et sa rapidité d'exécution font également penser à Ruby Braff et plus encore à Charlie Shavers dont il n'est pas loin d'égaler l'extrême agilité et la précision (Blue Lou, You're all the world for me). En y ajoutant une belle sonorité moelleuse et sensible, parfaitement contrôlée dans tous les registres, vous comprendrez que l'on se trouve devant un trompettiste d'exception, d'un jazzman hors pair, toutes époques confondues.
En dehors des qualités propres au leader, le soutien d'une fort belle section rythmique n'est pas pour rien dans la réussite de cette séance d'enregistrement. Eddie Locke à la batterie, le doyen de l'équipe, fournit une partie dansante, d'une finesse et d'une élégance rares, dont l'apparente discrétion n'égale que la swing efficacité. Au piano, Bill Charlap dont le style "lacunaire" pourrait dérouter certains, apporte en réalité aux solistes un excellent soutien grâce à des harmonies subtiles et toujours appropriées; quant à ses solos, ne vous arrêtez surtout pas à une certaine apparence moderniste qui cache parfois une mise en place précise et des développements habiles toujours proches de la mélodie (You're a lucky guy). Dennis Irwin, à la contrebasse, complète de façon sûre et attentive cette section par ailleurs fort bien enregistrée.
Dans quatre des interprétations, le saxophoniste ténor Henry Allen vient se joindre au quartet. Cet encore jeune musicien - il n'a pas atteint la quarantaine - avait déjà fait forte impression, lors de son apparition sur la scène du jazz, au tout début des années 80. Son style est largement inspiré de Ben Webster et de Paul Gonsalves, avec un zeste de Don Byas, ce qui est suffisamment rare à notre époque pour devoir être souligné. Sa sonorité n'est sans doute pas aussi ample et belle que celle de ses aînés, mais son entente avec Warren Vaché, tant dans les contrechants qu'en "chase", est remarquable. Ses solos de Dream dancing et surtout de What’s new sont fort bien construits et racontent une histoire.
Les thèmes utilisés dans ce disque proviennent en grande partie du répertoire de la comédie musicale, comme le charmant I'm shooting high que Louis Armstrong avait enregistré en 1935. A l'exception de deux ou trois standards comme Lover come back to me ou Blue Lou, la plupart sont rarement joués, sans doute en raison de structures inhabituelles, telles que les 52 mesures du chorus de Dream dancing ou les 36 de You're all the world for me, qui déroutent quelque peu Bill Charlap au début de son solo.
Comme indiqué au début de cette chronique, il n'y a vraiment pas beaucoup de déchet dans ce remarquable album, si ce n'est une ballade quelque peu soporifique (Some other time) prise dans un tempo trop lent et Lover come back to me où les solistes ne trouvent pas leur niveau habituel d'inspiration. Même le thème tarabiscoté de Quasimodo, écrit par Charlie Parker, se trouve comme transfiguré tant Warren Vaché sait donner un accent jazz aux clichés les plus boppisants. Mais la palme revient aux étincelantes interprétations que sont Blue Lou et You're the world to me, ainsi qu'au swingant You're a lucky guy avec sa coda puissamment riffée et le très dansant et mélodieux Dream dancing qui donne fort justement son titre à ce superbe recueil.
Dominique Brigaud
ILLINOIS JACQUET QUARTET LIVE AT SCHAFFHAUSSEN, SWITZERLAND 18/3/1978
(Storyville 101 8357)
Chroniqué dans le Bulletin du HCF N° 533 (Juin 2004) page 25
Dans cet enregistrement en concert, deux grands musiciens, Illinois Jacquet et Hank Jones sont en vedette, soutenus par l’efficace et inventif batteur J.C. Heard et par le bassiste George Duvivier. Ce dernier, qui n’a d’ailleurs ni la musicalité ni la mise en place d’un Blanton, est le point noir de ce très beau CD car sa basse, exagérément amplifiée ou mal enregistrée, gêne parfois l’audition des solistes. Les morceaux qui lui sont dévolus (Jack the Bear et George’s blues) en sont totalement gâchés. La part d’ombre évacuée, tout le reste est du plus haut niveau, ce qui ne saurait étonner de la part de musiciens de cette trempe, de plus très en forme ce soir-là avec certainement un très bon public.
Hank Jones est seul soliste dans A sentimental mood et Salin doll (seule interprétation bissée). Une merveille. Sauf ceux de Duvivier et un excitant Cute pris en main par J.C. Heard, le reste est pour Jacquet, au sommet de son art. Tout y est, l’aisance, la technique, l’expression, l’impeccable développement des idées, toutes plus belles les unes que les autres, jouées avec un swing impérieux. Le solo de Things ain’t what they used to be, Blues from Louisiana joué avec un suprême abandon, le malicieux I wanna blow, blues dans lequel il chante avec un swing enthousiasmant, B1ue and sentimental dans lequel apparaît sa filiation avec Herschel Evans. Tout serait à citer; tout ce que fait Jacquet est à écouter. C’est un plaisir de parler ensuite d’une telle musique.
Henri Sofroniades
PRIX MUSICIENS FRANÇAIS DE JAZZ 2004
MICHEL MARDIGUIAN & JACQUES MONTEBRUNO
(Clarinet Connection)
“IF I HAD YOU”
Disque autoproduit
Chroniqué dans le Bulletin du HCF N° 534 (Juillet/Août 2004) page 25
If I had you, As I live, Blues in the air, Nagasaki, A smo-oth one, Louisiana, The Mooche, Waste no tears.
L’excellent clarinettiste Michel Mardiguian que l’on eut, notamment l’occasion d’apprécier au sein des Louis Ambassadors d’Irakli, a fondé depuis longtemps le groupe Clarinet Connection (deux clarinettistes devant une rythmique) qui eut une vie épisodique avec des participants différents. Actuellement, il réunit Michel Mardiguian et Jacques Montebruno (cl), Laurent Bajata (g), Claude Quibel (b) et Philippe Merville (d) un quintette qui a enregistré, en juin 2003, les remarquables interprétations de ce CD.
Michel Mardiguian et Jacques Montebruno possèdent ce son chaleureux que l’on n’a plus guère l’opportunité d’entendre aujourd’hui et ils soufflent avec une connivence primesautière, chacun dans son propre , Mardiguian puissant genre Bechet, Montebruno doux genre Jimmie Noone. La prise de son les sépare fort peu, même si Montebruno sort plutôt par le haut-parleur de gauche et son compère à droite. La rythmique accomplit discrètement son travail avec un guitariste qui apporte une coloration Django, inattendue et bienvenue. Il prend quelques solos, autrement ce sont les clarinettes qui se tiennent constamment au premier plan.
Sur des tempos agréables, Montebruno assure le plus souvent la première voix lors des exposés, Mardiguian conjugue la seconde voix avec pertinence. Ainsi dans If I had you, après quoi Laurent Bajata prend un chorus de guitare délicieusement fleuri, dans le chorus suivant les deux clarinettes alternent Montebruno commençant, et on termine sur une reprise du thème. Sur un semblable tempo semi lent, le premier thème de Blues in the air est conduit par Montebruno, le thème se partage entre Mardiguian et Montebruno, ensuite trois chorus : Mardiguian (superbement développé), Bajata, Montebruno, puis retour au thème. Les trois thèmes de The Mooche sont par Mardiguian à l’accent éclatant, ensuite Montebruno prend deux chorus chargés d’émotion (blues en mineur), Bajata (2 chorus), Mardiguian (un chorus) et retour aux thèmes.
Waste no tears, seul morceau lent de l’album, est tout au long joué nonchalamment à deux voix, Mardiguian conduisant de façon vibrante (dans ce seul titre le guitariste est Didier Court). Trois agréables interprétations utilisent un tempo moyen, les thèmes sont exposés en duo avec Montebruno en leader, les chorus suivants revenant — dans As long as I live à Montebruno (dansant, aérien), le suivant partagé entre Bajata et Mardiguian, riffs - dans A smo-oth one échange 4/4 pleins de vivacité entre Bajata et Mardiguian, Montebruno, riffs avec pont par Mardiguian - dans Louisiana (avant le thème, le couplet est joué à l’unisson) Montebruno qui se promène avec aisance, Bajata, Mardiguian plein de contrastes seul avec la basse, retour au couplet et thème. Une seule plage se déroule sur tempo vif, Nagasaki, Montebruno reste leader dans l’exposé puis les chorus se répartissent en dialogue 4/4 Mardiguian/Montebruno, Bajata, riffs avec réponses de la basse, riffs avec réponses de la batterie et retour au thème.
Ce remarquable album par une formation de composition particulièrement séduisante est disponible auprès de Michel Mardiguian, 2 allée des Châtaigniers, 78470 St Rémy les Chevreuse.
André Vasset
Undecided, The man I love, Oh, lady be good, Nice work if you can get it, Take the A train, Blue violin, They can’t take that away from me, Somebody loves me, S’ wonderful, Nice and warm, Strike up the band.
Extraits de la chronique publiée dans le Bulletin du HCF N° 537 (Mars 2004), page 22.
- THE AMERICAN FOLK BLUES FESTIVAL 1962-1966, Volume 1
(Universal Music - Hip-O Records 986092.6):
( Universal Music - Hip-O Records 986092.7):
Bien que ces deux DVD soient vendus séparément, ils sont complémentaires :
plusieurs artistes figurent à la fois sur l'un et sur l'autre - dans des contextes différents - et les emprunts aux diverses tournées de l'AFBF se répartissent
sur les deux volumes. Il s'agit là d'éditions précieuses à plus d'un titre : ces documents étaient introuvables depuis quatre décennies ; ils présentent des artistes dont les images sur scène, pour nombre d'entre eux, sont peu répandues ; la reproduction est soignée et l'information des livrets précise, abondante et illustrée ; enfin ces volumes portent témoignage sur une époque où les bluesmen étaient conviés plutôt chichement en Europe.
Deux volumes indispensables, présentant des artistes de premier plan qui contribuèrent à l'élargissement - sans doute même au renouvellement - de l'intérêt pour le blues en Europe.
Jacques Canérot
Extraits de la chronique publiée dans le Bulletin du HCF N° 537 (Mars 2004), page 22.
- THE AMERICAN FOLK BLUES FESTIVAL 1962-1966, Volume 1
(Universal Music - Hip-O Records 986092.6):
( Universal Music - Hip-O Records 986092.7):
Bien que ces deux DVD soient vendus séparément, ils sont complémentaires :
plusieurs artistes figurent à la fois sur l'un et sur l'autre - dans des contextes différents - et les emprunts aux diverses tournées de l'AFBF se répartissent
sur les deux volumes. Il s'agit là d'éditions précieuses à plus d'un titre : ces documents étaient introuvables depuis quatre décennies ; ils présentent des artistes dont les images sur scène, pour nombre d'entre eux, sont peu répandues ; la reproduction est soignée et l'information des livrets précise, abondante et illustrée ; enfin ces volumes portent témoignage sur une époque où les bluesmen étaient conviés plutôt chichement en Europe.
Deux volumes indispensables, présentant des artistes de premier plan qui contribuèrent à l'élargissement - sans doute même au renouvellement - de l'intérêt pour le blues en Europe.
Jacques Canérot
THE AMERICAN FOLK BLUES FESTIVAL 1962-1969
Volume 3 – Universal Music - HIP-O Rec. 986289.8
Extraits de la chronique publiée dans le Bulletin du HCF N° 537 (Novembre 2004) page 25
Jesus can fix it, Sinner man, Jesus, Swing low sweet chariot, Get away Jordan, Just a closer walk with thee, Jesus is all, Amazing grace, Lord I want to thank you, God is using me, Oh Lord have mercy, Lord give me strength, Two wings.
Le groupe féminin de gospel The Inspirational Charms, fondé en 1981 à Chicago et dirigé par Marguerite Ewell Gatling, a été enregistré en diverses occasions sur les plages de cet album. Les deux titres les plus anciens (octobre 1994) sont accompagnés par piano, orgue, guitare basse et batterie un peu envahissante. Dans Jesus can fix it, Marguerite Gatling conduit d’une voix puissante et vibrante avec répliques de ses trois partenaires. Elle est le leader habituel du groupe avec Debbie McClennon celle-ci, à la voix plus sombre, étant en vedette dans Jesus is all avec le soutien des autres chanteuses.
Le groupe comprend cinq chanteuses et sonne effectivement de façon plus dense dans les six plages qui datent de décembre 2002, toujours avec présence d’une rythmique sauf dans Just a closer walk with thee, chanté a cappella avec une ardente Marguerite Gatling en soliste. Elle conduit Sinner man où son entourage fournit un chœur parallèle et Swing low sweet chariot à la fois recueilli et fervent. Debbie McClennon montre un irrésistible abattage dans Jesus, enlevé en tempo rapide, et chante de manière empoignante dans Amazing grace où le chœur évolue avec nonchalance. Enfin, une autre chanteuse, Helen Wilks, assure vigoureusement la direction de Get away Jordan cependant que les autres répètent un riff devenant fascinant.
Les cinq dernières plages, enregistrées en direct à la Gatling’s Chapel de Chicago, en mai 1997, se déroulent dans une ambiance stimulante. Dans God is using me et Two wings, conduits par Marguerite Gatling et dans Oh Lord have mercy par Helen Wilks on retrouve ce soutien par riffs obsédants créant une tension affolante. Le chant de Debbie McClennon dans Lord I want to thank you et de Marguerite Gatling dans Lord give me strength s’enflamme appuyé par leurs partenaires qui répondent avec une véhémence contagieuse.
Ebony Gospel Records, 3, av. Florimont, CH-1820 Montreux, Suisse
André VassetBulletin du HCF N°527 - 11/03 Page 13
LOUIS MAZETIER "THE PIANO STARTS TALKING"
(Jazz Connaisseur JCCD 0243-2, distribution Jazztrade):
Keep your temper, Warm valley, Just before daybreak, Morning air, Feeling lonesome, F minor stride, Sweet smile, Reflections in D, Mister Joe, Pinetop's boogie woogie, Music on my mind, I ain't got nobody, Nothin', Memories of you, Sweet patootie blues, Erroll's bounce.
A.V.
Bulletin du HCF N°528- 12/03 Page 19
SWEET MAMA "LIVE !" (Djaz Records 730-2, distribution DAM)
Ce second album du Paris Swing Orchestra a été enregistré les 15 et 16 décembre 2002 au jazz club Lionel-Hampton de l'hôtel Méridien Etoile de Paris. On retrouve avec plaisir cet excellent big band, de surcroît quasi inchangé depuis sa dernière apparition en disque, l'unique modification étant le remplacement de Didier Desbois par Gérard Meissonnier dans le double rôle d'alto et de membre du trio vocal. Cette stabilité règle le problème de l'homogénéité de la formation, toujours remarquablement précise, bien en place et poussée par une rythmique souple et énergique. La présence de bons solistes achève de rendre l'orchestre fort attrayant, d'autant qu'il dispose d'arrangements constamment efficaces.
Après l'indicatif rondement mené, au cours duquel les volubiles alto de Marc Richard et ténor de Nicolas Montier encadrent le trombone tranquille de Patrick Bacqueville, ce dernier expose nonchalamment I'll see you in my dreams sur un fond orchestral stimulant, laisse sa place au trio vocal (Christophe Davot, Gérard Siffert, Gérard Meissonnier) puis à Michel Bonnet un peu couvert par l'ensemble qui poursuit pour conclure. Le trio vocal apparaît également, de façon brève, généralement pour un chorus, dans Say si si, Marie, St. Louis blues, Opus one, ces deux derniers particulièrement plaisants.
Quelques morceaux sont réservés aux spécialités mettant un soliste en lumière, ainsi Marc Richard dans Is you is or is you ain't my baby, de Louis Jordan, où brille son jeu d'alto, dense et vibrant. Il récidive à la clarinette, de manière moins convaincante, dans Clarinet madness. Patrick Bacqueville interprète Just a though you were here avec sensibilité, tendresse, s'interrompant pour quelques touches de piano. Sans être spécialement perspicace on peut se douter que La Chevaucherie fantastique est consacrée à la contrebasse de Gilles Chevaucherie, et aussi que Boy meets horn va permettre à Michel Bonnet de rencontrer Rex Stewart enfin que Body and soul donnera l'occasion à Nicolas Montier de saluer Coleman Hawkins de façon profondément chaleureuse.
L'orchestre se distingue dans Flying home. Après l'exposé du thème par l'ensemble (et Jacques Schneck sur le pont), Christophe Davot prend trois swinguants chorus de guitare, le ténor de Pierre-Louis Cas lui succède, après trois chorus au cours desquels il s'échauffe de plus en plus, il place le chorus de Jacquet, puis un autre porté par les riffs qui se déclenchent alors puis se poursuivent cependant que la trompette de James Powell évolue dans l'aigu. Notons aussi Pennies from heaven présenté par Jacques Schneck au piano puis par l'orchestre et par le vocal de Bacqueville suivi par Marc Richard à l'alto, Bacqueville au trombone, Christophe Davot à la guitare et l'ensemble final. Azure baigne dans une prenante atmosphère ellingtonienne et dans Bugle call rag, allègrement enlevé, les solos reviennent à Nicolas Montier, Michel Bonnet, Patrick Bacqueville et Marc Richard.
A.V.
Extraits de la chronique publiée dans le Bulletin du HCF N° 537 (Mars 2004), page 22.
- THE AMERICAN FOLK BLUES FESTIVAL 1962-1966, Volume 1
(Universal Music - Hip-O Records 986092.6):
( Universal Music - Hip-O Records 986092.7):
Bien que ces deux DVD soient vendus séparément, ils sont complémentaires :
plusieurs artistes figurent à la fois sur l'un et sur l'autre - dans des contextes différents - et les emprunts aux diverses tournées de l'AFBF se répartissent
sur les deux volumes. Il s'agit là d'éditions précieuses à plus d'un titre : ces documents étaient introuvables depuis quatre décennies ; ils présentent des artistes dont les images sur scène, pour nombre d'entre eux, sont peu répandues ; la reproduction est soignée et l'information des livrets précise, abondante et illustrée ; enfin ces volumes portent témoignage sur une époque où les bluesmen étaient conviés plutôt chichement en Europe.
Deux volumes indispensables, présentant des artistes de premier plan qui contribuèrent à l'élargissement - sans doute même au renouvellement - de l'intérêt pour le blues en Europe.
Jacques Canérot
Extraits de la chronique publiée dans le Bulletin du HCF N° 537 (Mars 2004), page 22.
- THE AMERICAN FOLK BLUES FESTIVAL 1962-1966, Volume 1
(Universal Music - Hip-O Records 986092.6):
( Universal Music - Hip-O Records 986092.7):
Bien que ces deux DVD soient vendus séparément, ils sont complémentaires :
plusieurs artistes figurent à la fois sur l'un et sur l'autre - dans des contextes différents - et les emprunts aux diverses tournées de l'AFBF se répartissent
sur les deux volumes. Il s'agit là d'éditions précieuses à plus d'un titre : ces documents étaient introuvables depuis quatre décennies ; ils présentent des artistes dont les images sur scène, pour nombre d'entre eux, sont peu répandues ; la reproduction est soignée et l'information des livrets précise, abondante et illustrée ; enfin ces volumes portent témoignage sur une époque où les bluesmen étaient conviés plutôt chichement en Europe.
Deux volumes indispensables, présentant des artistes de premier plan qui contribuèrent à l'élargissement - sans doute même au renouvellement - de l'intérêt pour le blues en Europe.
Jacques Canérot
THE AMERICAN FOLK BLUES FESTIVAL 1962-1969
Volume 3 – Universal Music - HIP-O Rec. 986289.8
Extraits de la chronique publiée dans le Bulletin du HCF N° 537 (Novembre 2004) page 25
(Djaz DJ 724-2, distribution DAM)
Till Tom spécial, Jivin' the vibes, One sweet letter from you, l'm in the mood for swing, Shoe shiner's drag. Four or five times, Star dust, Memories of Hamp, Anytime at all, Air mail spécial, Midnight sun, The rnood that l'm in, Tiss boogie, Flying home.Bonne nouvelle : l'excellent orchestre réuni par Claude Tissendier, en hommage à Lionel Hampton, a enregistré un disque ! Mauvaise nouvelle : il est paru le jour où Hampton est disparu ! La plupart des interprétations de cet album, enregistré les 21 et 22 mai 2002, s'inspirent de morceaux de la somptueuse série qu’Hampton grava pour RCA de 1937 à 1941. Autour de Claude Tissendier (as, cl) se tiennent : Patrick Artero (tp), Didier Desbois (as), Dominique Vernhes, François Penot (ts), Jacques Schneck (p), Nicolas Peslier (g), Pierre-Yves Sorin (b), Sylvain Glevarec (d). Quant au vibraphone il est animé par Bernard Rabaud que l'on a connu au piano et qui s'acquitte parfaitement de son rôle, bien dans l'esprit du maître (maître dont personne n'approcha l'extraordinaire talent).
L'album s'ouvre sur un prometteur Till Tom spécial, lancé avec allant par Patrick Artero poussé par la pulsation généreuse d'une rythmique fringante et porté par des ensembles alléchants. Ensuite le vibraphone swingue un chorus relayé par Claude, lumineux à l'alto, Patrick Artero incisif, Nicolas Pesler captivant puis François Penot avant que des ensembles réjouissants ne viennent conclure. Cette interprétation ne pâlit absolument pas de sa comparaison avec son modèle. C'est aussi le cas pour Jivin' the vibes (ou vibres), Four or five times et The mood that l'm in, dont les originaux ne contenaient d'ailleurs pas de moment exceptionnels.
l'm in the mood for swing, Shoe shinner's drag et Anytime at all provenaient d'une séance d'Hampton marquée par la e de Benny Carter dont la personnalité élégante et subtile correspond bien à celle de Claude Tissendier. On imagine que celui-ci prit plaisir à mettre au point les évolutions de la section des saxes dans ces trois plages. On y rencontre aussi d'excellentes interventions des solistes : Didier Desbois et Dominique Vernîtes dans l'm in the mood for swing, Claude Tissendier et Nicolas Peslier dans Shoe shiner's drag, Nicolas et Didier dans Anytime at all. On retrouve également l'empreinte de Benny Carter dans les ensembles de saxes de One sweet letter from you où brillent les solos de Dominique Vernhes, ondulant, et Claude, plein de grâce mélodique. On pouvait se passer du vocal qui, cepen dant, donne l'occasion à Patrick Artero de fournir un contre-chant persuasif.
Quatre titres ont été inspirés par des morceaux de bravoure de Lionel Hampton : deux solos de vibraphone pleins de feeling (Star dust, accompagné par la rythmique et Midnight sun déroulé sur un chaleureux fond orchestral) et deux swingers (Air mail spécial, joué avec fougue et superbe solo de guitare, et Flying home bien arrangé notamment sur le solo d'illinois Jacquet). Certes Hampton avait enregistré ce dernier thème en petite formation mais, là Claude Tissendier a considéré les fameuses versions en grand orchestre.
Restent deux plages originales où règne toujours l'esprit Hampton : Memories of Hamp, signé Bernard Rabaud, prestement enlevé, et Tiss hoogie, signé Claude Tissendier. Ce dernier s'ouvre avec la guitare approuvée par des claquements de mains, puis des riffs du vibraphone avec réponses orchestrales et enfin des solos et ensembles joliment swingués.
Un splendide et fidèle hommage à un géant.
Bulletin du hcf – N°514 – 07/2002 – page 11
PIERRE CALLIGARIS, " HAPPY FEET "
(Jazzirade SL-CD-5090distribution M.A.D.)
Happy feet, Montigny, Mayalen boogie, Love me with a feeling, Runnin' wild, It had to be you, Rose of the Rio Grande, There'll be some changes made, Sweet Lorraine, Robin's boogie, Sophie, Squeeze me, Ain't misbehavin', Ain't she sweet, Ballade pour Sophie, I got rhythm.Depuis des années les amis et admirateurs de Pierre Calligaris lui rebattaient les oreilles afin qu'un disque en solo vienne prouver aux amateurs ignorants qu'il était un pianiste exceptionnel. Voilà enfin l'album qui met en lumière son talent peu commun ! II s'agit d'un enregistrement en public pris durant un concert donné à Rouen le 4 mars 2001 en compagnie de son fils Robin à la batterie.
Dès la première plage, Happy feet, l'auditeur est ravi par le stride d'une souplesse aérienne et par cette incroyable facilité qui génère un swing réjouissant. Le stride de Runnin' wild, Rosé of the Rio Grande, Ain't she sweet montre de même dynamisme, élégance et feeling étonnants. Pierre Calligaris excelle dans tous les domaines. Ainsi Mayalen boogie et Robin's boogie lui fournissent l'occasion de confirmer que, contrairement au jeu mécanique de la plupart des spécialistes actuels, il conserve en interprétant le boogie une aisance souveraine dans l'agilité de sa main gauche et la succession de riffs excitants.
Le côté énergique de son jeu ne saurait dissimuler sa profonde émotion, par exemple dans Montigny, après l'exposé du thème (de sa composition), il prend trois chorus admirables évoquant par instant, dans un autre , la fluidité et la limpidité de Willie Smith Le Lion. Sur des tempos semi-lents voisins, il manifeste tendresse et délicatesse dans Love me with a feeling, calme et nonchalance dans There'll be some changes made (faisant place à un swing impérieux lorsque le tempo devient plus rapide), charme dans Sweet Lorraine joué avec une poigne énergique et développé avec brio, musicalité à la Fats Waller dans lt had to be you, Sophie et Ballade pour Sophie.
Cet aspect Fats dans l'allégresse et le swing nonchalant se retrouve évidemment dans les deux thèmes du maître qu'il enchaîne : Squeeze me et Ain’t misbehavin’. La batterie de Robin Calligaris accompagne bien le piano paternel avec discrétion et efficacité. Elle est en évidence dans les échanges de I got rythm .
John's idea, Every tub, Harvard blues, Yeahmen, Fiesta in blue, Roseland shuffle, Jumpin' Jim/Jive at five, Tickle toc, Eventide, 9:20 spécial, High tide One o'clock jump.
Voilà longtemps que Michel Pastre entretenait le projet de former un grand orchestre, depuis trois ans il a réalisé ce rêve matérialisé aujourd'hui par ce premier album. L'orchestre sonne déjà plaisamment et il faut souhaiter que sa composition reste le plus stable possible et qu'il connaisse suffisamment d'engagements afin que sa cohésion se renforce encore, que les ensembles acquièrent toujours plus de mordant, de précision, de décontraction et que la rythmique carbure à plein régime. Le répertoire est tout entier placé sous le signe de Count Basie, un choix judicieux car cette musique enthousiasmante confère à l'album une unité fort agréable.
Le disque s'ouvre avec John's idea aux ensembles allègrement enlevés où s'insèrent des solos de Michel Pastre, brillamment développés, de François Biensan, dans un tranchant très plaisant, Fabrice Eulry, Nicolas Montier excellent au ténor d’une sonorité plus mate que celle du chef. François Biensan a trouvé là un environnement qui lui permet de s'exprimer avec bonheur, il le confirme plus loin dans Fiesta in blue qui le met en vedette, superbe, élégant, sur un somptueux fond sonore, et aussi dans Every tub avec un côté plus tendu. Dans High tide il siffle joliment un chorus et participe à des échanges dans le suivant.
Michel Pastre également jubile à la tête de son orchestre, en se gardant toutefois de tirer la couverture à lui, n'apparait en solo que dans la moitié des plages, il swingue avec punch et virulence dans Every tub, Roseland shuffle, One o'clock jump, joue le blues avec un feeling empoignant dans Harvard blues et se livre à une conversation passionnante avec son compère Nicolas Montier dans Tickie toe (là on entend Pastre à gauche et Montier à droite). Nicolas au jeu plus sinueux intervient remarquablement dans Yeah men et 9:20 spécial. Philippe Chagne au baryton se montre à son avantage dans Jive at five et dans Eventide où il est seul soliste. Quant à Daniel Huck, invité dans High tide, il swingue un splendide chorus servi avec une sonorité délectable et se livre à un scat délirant avec Patrick Bacqueville. Ce dernier est l'auteur de solos de trombone.
Sans surprise on le trouve swinguant magistralement avec un accent irrésistible dans Harvard blues et déchaîné dans One o'clock jump. Les autres solistes parfois moins sollicités sont tous de bon aloi : Nicolas Dary (as), Guy Bonne (cl, as), Fabien Mary (tp) et bien sur Fabrice Eulry pertinent au piano.
Un disque prometteur et d'une belle homogénéité.
Ce second album du Paris Swing Orchestra a été enregistré les 15 et 16 décembre 2002 au jazz club Lionel-Hampton de l'hôtel Méridien Etoile de Paris. On retrouve avec plaisir cet excellent big band, de surcroît quasi inchangé depuis sa dernière apparition en disque, l'unique modification étant le remplacement de Didier Desbois par Gérard Meissonnier dans le double rôle d'alto et de membre du trio vocal. Cette stabilité règle le problème de l'homogénéité de la formation, toujours remarquablement précise, bien en place et poussée par une rythmique souple et énergique. La présence de bons solistes achève de rendre l'orchestre fort attrayant, d'autant qu'il dispose d'arrangements constamment efficaces.
Après l'indicatif rondement mené, au cours duquel les volubiles alto de Marc Richard et ténor de Nicolas Montier encadrent le trombone tranquille de Patrick Bacqueville, ce dernier expose nonchalamment I'll see you in my dreams sur un fond orchestral stimulant, laisse sa place au trio vocal (Christophe Davot, Gérard Siffert, Gérard Meissonnier) puis à Michel Bonnet un peu couvert par l'ensemble qui poursuit pour conclure. Le trio vocal apparaît également, de façon brève, généralement pour un chorus, dans Say si si, Marie, St. Louis blues, Opus one, ces deux derniers particulièrement plaisants.
Quelques morceaux sont réservés aux spécialités mettant un soliste en lumière, ainsi Marc Richard dans Is you is or is you ain't my baby, de Louis Jordan, où brille son jeu d'alto, dense et vibrant. Il récidive à la clarinette, de manière moins convaincante, dans Clarinet madness. Patrick Bacqueville interprète Just a though you were here avec sensibilité, tendresse, s'interrompant pour quelques touches de piano. Sans être spécialement perspicace on peut se douter que La Chevaucherie fantastique est consacrée à la contrebasse de Gilles Chevaucherie, et aussi que Boy meets horn va permettre à Michel Bonnet de rencontrer Rex Stewart enfin que Body and soul donnera l'occasion à Nicolas Montier de saluer Coleman Hawkins de façon profondément chaleureuse.
L'orchestre se distingue dans Flying home. Après l'exposé du thème par l'ensemble (et Jacques Schneck sur le pont), Christophe Davot prend trois swinguants chorus de guitare, le ténor de Pierre-Louis Cas lui succède, après trois chorus au cours desquels il s'échauffe de plus en plus, il place le chorus de Jacquet, puis un autre porté par les riffs qui se déclenchent alors puis se poursuivent cependant que la trompette de James Powell évolue dans l'aigu. Notons aussi Pennies from heaven présenté par Jacques Schneck au piano puis par l'orchestre et par le vocal de Bacqueville suivi par Marc Richard à l'alto, Bacqueville au trombone, Christophe Davot à la guitare et l'ensemble final. Azure baigne dans une prenante atmosphère ellingtonienne et dans Bugle call rag, allègrement enlevé, les solos reviennent à Nicolas Montier, Michel Bonnet, Patrick Bacqueville et Marc Richard.
A.V.
Extraits de la chronique publiée dans le Bulletin du HCF N° 537 (Mars 2004), page 22.
- THE AMERICAN FOLK BLUES FESTIVAL 1962-1966, Volume 1
(Universal Music - Hip-O Records 986092.6):
( Universal Music - Hip-O Records 986092.7):
Bien que ces deux DVD soient vendus séparément, ils sont complémentaires :
plusieurs artistes figurent à la fois sur l'un et sur l'autre - dans des contextes différents - et les emprunts aux diverses tournées de l'AFBF se répartissent
sur les deux volumes. Il s'agit là d'éditions précieuses à plus d'un titre : ces documents étaient introuvables depuis quatre décennies ; ils présentent des artistes dont les images sur scène, pour nombre d'entre eux, sont peu répandues ; la reproduction est soignée et l'information des livrets précise, abondante et illustrée ; enfin ces volumes portent témoignage sur une époque où les bluesmen étaient conviés plutôt chichement en Europe.
Deux volumes indispensables, présentant des artistes de premier plan qui contribuèrent à l'élargissement - sans doute même au renouvellement - de l'intérêt pour le blues en Europe.
Jacques Canérot
Extraits de la chronique publiée dans le Bulletin du HCF N° 537 (Mars 2004), page 22.
- THE AMERICAN FOLK BLUES FESTIVAL 1962-1966, Volume 1
(Universal Music - Hip-O Records 986092.6):
( Universal Music - Hip-O Records 986092.7):
Bien que ces deux DVD soient vendus séparément, ils sont complémentaires :
plusieurs artistes figurent à la fois sur l'un et sur l'autre - dans des contextes différents - et les emprunts aux diverses tournées de l'AFBF se répartissent
sur les deux volumes. Il s'agit là d'éditions précieuses à plus d'un titre : ces documents étaient introuvables depuis quatre décennies ; ils présentent des artistes dont les images sur scène, pour nombre d'entre eux, sont peu répandues ; la reproduction est soignée et l'information des livrets précise, abondante et illustrée ; enfin ces volumes portent témoignage sur une époque où les bluesmen étaient conviés plutôt chichement en Europe.
Deux volumes indispensables, présentant des artistes de premier plan qui contribuèrent à l'élargissement - sans doute même au renouvellement - de l'intérêt pour le blues en Europe.
Jacques Canérot
THE AMERICAN FOLK BLUES FESTIVAL 1962-1969
Volume 3 – Universal Music - HIP-O Rec. 986289.8
Extraits de la chronique publiée dans le Bulletin du HCF N° 537 (Novembre 2004) page 25
Cet album a été enregistré les 12 août et 5 octobre 2000 à Chicago, la ville d'où sont originaires les Brown Sisters, réunissant les cinq filles (jeunes !) du pasteur Ben Brown : Adrienne, Andréa, Lavette, Phyllis et Vanessa. Elles sont accompagnées par Sylvester Harper, piano, Terrence Williams, batterie, et l'orgue joué par Andréa. En outre, celle-ci conduit l'ensemble dans plus de la moitié des interprétations. Elle entame, seule avec son orgue, God will take care of you hors tempo, de façon recueillie avant que ses partenaires ne la rejoignent dans une gradation impressionnante, puis les sœurs entrent en tempo, chantant avec une insistance et une conviction irrésistibles.
Andréa démarre aussi The Blood seule en s'accompagnant à l'orgue puis le groupe se met en action animé par une flamme extraordinaire. Sur un tempo vif, elle et ses sœurs débordent d'un enthousiasme et d'un dynamisme peu communs dans Ride on King Jesus, Everytime I feel the spirit et aussi Where you there et Give it all back.
Andréa chante King Jesus is listening a cappella avec Vanessa et toutes deux se partagent le lead du medley : Amazing grace, plein de ferveur, Jésus is the answer, réfléchi, Amen joliment swingué et pour conclure, un ardent This little light of mine. Andréa partage aussi la direction de Whisper a prayer avec Phyllis dont la voix est plus haute. Dans Blessed assurance, hors tempo sur accompagnement d'orgue et de batterie, Adrienne, Vanessa et Andréa chantent avec une profonde émotion.
Pour sa part Vanessa, dont la voix montre un vibrato très marqué, conduit May the Lord God bless you et Just a closer walk with thee, superbement enlevés sur des tempos nonchalants et, en tempo vif, Make a joyful noise et Yes l know Jesus, sur lesquels elle est un peu moins heureuse, mais elle se déchaîne dans le véhément I'm satisfied with Jesus qu'elle partage avec Adrienne. Lavette dirige un seul morceau, le dernier,I've got a feeling, interprété avec une fougue étourdissante.
A.V.
Le magique Paul Chéron ne cessera jamais de nous surprendre et de nous ravir. Ces dernières années nous lui sommes redevables d'exaltants moments de joie, avec diverses formules, en concert et en disque. Pour s'en tenir aux enregistrements de son Tuxedo Big Band (déjà un miracle en soi), en 1994 il nous ressuscite magistralement la musique de Jimmie Lunceford, deux ans plus tard il creuse la même veine avec un succès croissant, encore une paire d'années et apparaît un époustouflant CD à la Chick Webb avec une étonnante Mariannick Fitzgerald, en 2000 il revient nous enthousiasmer sur des arrangements inédits de Fletcher Henderson.
Et maintenant, toujours imprévu et superbe, le voilà en visite chez Louis Armstrong avec la complicité d'Irakli qui depuis longtemps rêvait, sans y croire, de participer à pareille fête. Une nouvelle fois Paul Chéron a transcrit, arrangé et adapté des enregistrements du grand orchestre de Louis provenant d'émissions radio, d'où un mélange de titres rares et de standards. Ainsi le Tuxedo Big Band en les exécutant, avec un swing lumineux, a offert à Irakli un environnement idéal et inespéré, une occasion de donner la mesure de son talent qui va enfin en époustoufler plus d'un. Après quelques concerts, ils concoctèrent le présent album en septembre dernier.
Dès le premier morceau, Keep on jumpin', on est saisi par le swing : un appel de la trompette d'Irakli auquel répond Tuxedo avec euphorie avant d'exposer le thème puis de procurer aux solistes - Irakli, Paul Chéron, Thierry Ollé, Jean-François Bonnel - un accompagnement Dilatant, souligné par l'excitante batterie de Jean-Luc Guiraud. Irakli, qui s'exprime naturellement dans le langage d'Armstrong, est évidemment le plus sollicité. Souvent il expose le thème en swinguant de façon nonchalante avec un accent empoignant : Exactly like you, Lazy River, Ican't give you, Sleepy time. Il prend des solos inspirés : Is you is..., Slender tender and tall, Old man Mose, Dear old Southland avec sourdine sur tapis déroulé par les saxes. Il lui revient de conclure, devant généralement un ensemble orchestral somptueux : Ain't misbehavin', Exactly like you, Sunny side, Sleepy time, When the saints... Irakli n'est pas le seul soliste, on entend ça et là Thierry Ollé au piano, Laurent Hotta au trombone et, bien sûr, Paul Chéron impeccable à l'alto (I can't give you, Perdido...) et Jean-François Bonnel remarquable au ténor (When the saints, Perdido...). La chanteuse Valérie Perez intervient brièvement dans cinq plages.
A noter aussi dans Easy as you go, l'excellente prestation du trompette Jérôme Etcheberry qui nous avait séduit lorsque nous l'avions découvert au festival de Bayonne 1999 (Bulletin 486, p. 27). Tout l'orchestre joue avec une générosité et un son d'ensemble incomparables. Ecoutez, par exemple la luxuriante section des saxes, très sollicitée, dans Lazy River, If I could be with you, Don't sweetheart me, Sleepy time... La rythmique prodigue un soutien sans faille portée par l'impérieuse batterie de Jean-Luc Guiraud aussi pertinent pour accompagner les solistes que pour propulser l'orchestre (I can't give you, Don't sweetheart me, etc.). De surcroît il chante plaisamment (Exactly like you, When the saints) sans jamais se départir de son humour, irrésistible dans Old man Mose. En ajoutant une qualité sonore exceptionnelle on obtient une immense réussite.
Chapeau et merci Monsieur Chéron, Et bravo Monsieur Irakli!
John's idea, Every tub, Harvard blues, Yeahmen, Fiesta in blue, Roseland shuffle, Jumpin' Jim/Jive at five, Tickle toc, Eventide, 9:20 spécial, High tide One o'clock jump.
Voilà longtemps que Michel Pastre entretenait le projet de former un grand orchestre, depuis trois ans il a réalisé ce rêve matérialisé aujourd'hui par ce premier album. L'orchestre sonne déjà plaisamment et il faut souhaiter que sa composition reste le plus stable possible et qu'il connaisse suffisamment d'engagements afin que sa cohésion se renforce encore, que les ensembles acquièrent toujours plus de mordant, de précision, de décontraction et que la rythmique carbure à plein régime. Le répertoire est tout entier placé sous le signe de Count Basie, un choix judicieux car cette musique enthousiasmante confère à l'album une unité fort agréable.
Le disque s'ouvre avec John's idea aux ensembles allègrement enlevés où s'insèrent des solos de Michel Pastre, brillamment développés, de François Biensan, dans un tranchant très plaisant, Fabrice Eulry, Nicolas Montier excellent au ténor d’une sonorité plus mate que celle du chef. François Biensan a trouvé là un environnement qui lui permet de s'exprimer avec bonheur, il le confirme plus loin dans Fiesta in blue qui le met en vedette, superbe, élégant, sur un somptueux fond sonore, et aussi dans Every tub avec un côté plus tendu. Dans High tide il siffle joliment un chorus et participe à des échanges dans le suivant.
Michel Pastre également jubile à la tête de son orchestre, en se gardant toutefois de tirer la couverture à lui, n'apparait en solo que dans la moitié des plages, il swingue avec punch et virulence dans Every tub, Roseland shuffle, One o'clock jump, joue le blues avec un feeling empoignant dans Harvard blues et se livre à une conversation passionnante avec son compère Nicolas Montier dans Tickie toe (là on entend Pastre à gauche et Montier à droite). Nicolas au jeu plus sinueux intervient remarquablement dans Yeah men et 9:20 spécial. Philippe Chagne au baryton se montre à son avantage dans Jive at five et dans Eventide où il est seul soliste. Quant à Daniel Huck, invité dans High tide, il swingue un splendide chorus servi avec une sonorité délectable et se livre à un scat délirant avec Patrick Bacqueville. Ce dernier est l'auteur de solos de trombone.
Sans surprise on le trouve swinguant magistralement avec un accent irrésistible dans Harvard blues et déchaîné dans One o'clock jump. Les autres solistes parfois moins sollicités sont tous de bon aloi : Nicolas Dary (as), Guy Bonne (cl, as), Fabien Mary (tp) et bien sur Fabrice Eulry pertinent au piano.
Un disque prometteur et d'une belle homogénéité.
Ce second album du Paris Swing Orchestra a été enregistré les 15 et 16 décembre 2002 au jazz club Lionel-Hampton de l'hôtel Méridien Etoile de Paris. On retrouve avec plaisir cet excellent big band, de surcroît quasi inchangé depuis sa dernière apparition en disque, l'unique modification étant le remplacement de Didier Desbois par Gérard Meissonnier dans le double rôle d'alto et de membre du trio vocal. Cette stabilité règle le problème de l'homogénéité de la formation, toujours remarquablement précise, bien en place et poussée par une rythmique souple et énergique. La présence de bons solistes achève de rendre l'orchestre fort attrayant, d'autant qu'il dispose d'arrangements constamment efficaces.
Après l'indicatif rondement mené, au cours duquel les volubiles alto de Marc Richard et ténor de Nicolas Montier encadrent le trombone tranquille de Patrick Bacqueville, ce dernier expose nonchalamment I'll see you in my dreams sur un fond orchestral stimulant, laisse sa place au trio vocal (Christophe Davot, Gérard Siffert, Gérard Meissonnier) puis à Michel Bonnet un peu couvert par l'ensemble qui poursuit pour conclure. Le trio vocal apparaît également, de façon brève, généralement pour un chorus, dans Say si si, Marie, St. Louis blues, Opus one, ces deux derniers particulièrement plaisants.
Quelques morceaux sont réservés aux spécialités mettant un soliste en lumière, ainsi Marc Richard dans Is you is or is you ain't my baby, de Louis Jordan, où brille son jeu d'alto, dense et vibrant. Il récidive à la clarinette, de manière moins convaincante, dans Clarinet madness. Patrick Bacqueville interprète Just a though you were here avec sensibilité, tendresse, s'interrompant pour quelques touches de piano. Sans être spécialement perspicace on peut se douter que La Chevaucherie fantastique est consacrée à la contrebasse de Gilles Chevaucherie, et aussi que Boy meets horn va permettre à Michel Bonnet de rencontrer Rex Stewart enfin que Body and soul donnera l'occasion à Nicolas Montier de saluer Coleman Hawkins de façon profondément chaleureuse.
L'orchestre se distingue dans Flying home. Après l'exposé du thème par l'ensemble (et Jacques Schneck sur le pont), Christophe Davot prend trois swinguants chorus de guitare, le ténor de Pierre-Louis Cas lui succède, après trois chorus au cours desquels il s'échauffe de plus en plus, il place le chorus de Jacquet, puis un autre porté par les riffs qui se déclenchent alors puis se poursuivent cependant que la trompette de James Powell évolue dans l'aigu. Notons aussi Pennies from heaven présenté par Jacques Schneck au piano puis par l'orchestre et par le vocal de Bacqueville suivi par Marc Richard à l'alto, Bacqueville au trombone, Christophe Davot à la guitare et l'ensemble final. Azure baigne dans une prenante atmosphère ellingtonienne et dans Bugle call rag, allègrement enlevé, les solos reviennent à Nicolas Montier, Michel Bonnet, Patrick Bacqueville et Marc Richard.
A.V.
Extraits de la chronique publiée dans le Bulletin du HCF N° 537 (Mars 2004), page 22.
- THE AMERICAN FOLK BLUES FESTIVAL 1962-1966, Volume 1
(Universal Music - Hip-O Records 986092.6):
( Universal Music - Hip-O Records 986092.7):
Bien que ces deux DVD soient vendus séparément, ils sont complémentaires :
plusieurs artistes figurent à la fois sur l'un et sur l'autre - dans des contextes différents - et les emprunts aux diverses tournées de l'AFBF se répartissent
sur les deux volumes. Il s'agit là d'éditions précieuses à plus d'un titre : ces documents étaient introuvables depuis quatre décennies ; ils présentent des artistes dont les images sur scène, pour nombre d'entre eux, sont peu répandues ; la reproduction est soignée et l'information des livrets précise, abondante et illustrée ; enfin ces volumes portent témoignage sur une époque où les bluesmen étaient conviés plutôt chichement en Europe.
Deux volumes indispensables, présentant des artistes de premier plan qui contribuèrent à l'élargissement - sans doute même au renouvellement - de l'intérêt pour le blues en Europe.
Jacques Canérot
Extraits de la chronique publiée dans le Bulletin du HCF N° 537 (Mars 2004), page 22.
- THE AMERICAN FOLK BLUES FESTIVAL 1962-1966, Volume 1
(Universal Music - Hip-O Records 986092.6):
( Universal Music - Hip-O Records 986092.7):
Bien que ces deux DVD soient vendus séparément, ils sont complémentaires :
plusieurs artistes figurent à la fois sur l'un et sur l'autre - dans des contextes différents - et les emprunts aux diverses tournées de l'AFBF se répartissent
sur les deux volumes. Il s'agit là d'éditions précieuses à plus d'un titre : ces documents étaient introuvables depuis quatre décennies ; ils présentent des artistes dont les images sur scène, pour nombre d'entre eux, sont peu répandues ; la reproduction est soignée et l'information des livrets précise, abondante et illustrée ; enfin ces volumes portent témoignage sur une époque où les bluesmen étaient conviés plutôt chichement en Europe.
Deux volumes indispensables, présentant des artistes de premier plan qui contribuèrent à l'élargissement - sans doute même au renouvellement - de l'intérêt pour le blues en Europe.
Jacques Canérot
THE AMERICAN FOLK BLUES FESTIVAL 1962-1969
Volume 3 – Universal Music - HIP-O Rec. 986289.8
Extraits de la chronique publiée dans le Bulletin du HCF N° 537 (Novembre 2004) page 25