GRAND PRIX 2014
DU HOT CLUB DE FRANCE
PATRICK ARTÉRO et LE PARIS SWING ORCHESTRA
JOUENT LOUIS ARMSTRONG
Autoproduit
TBB 107 - Autoproduit
Liza, Drumology, Hear me talkin to ya, Jumpin pun- kins, Hampton stomp, Mandy, Carioca, Queer Street, Drummin man, Pyramid, Concerto for Cozy, Dinner with friends, At the jazz band ball, Swingin the blues .
La foule des utilisateurs de batterie se compose, en très large majorité, de musculaires matraqueurs acharnés à cogner comme des sourds sur leur instrument. À leurs côtés figurent des jazzmen qui, eux, jouent de leur ins- trument et parfois même des artistes qui savent en tirer le maximum. Guillaume Nouaux se tient au sommet de cette dernière catégorie. Toujours avec swing il accompagne impeccablement ses partenaires et, à l'occasion, prend sans esbroufe des solos idéalement construits. De surcroît, comme personne il connaît tout de la batterie et des maîtres de l'instrument. Parmi les nombreuses formations auxquelles il participe, figure en bonne place le Tuxedo Big Band de Paul Chéron, qui, lui, sait tout des grands orchestres. De leur complicité naquit l'idée particulièrement excitante d'évoquer les grands drummers de big bands puis de réaliser le projet, ce qui eut lieu les 3 et 4 janvier 2014.
L'album débute par un hommage au légendaire Chick Webb avec Liza mettant la batterie bien en évidence. On admire la puissance, la netteté de l'attaque, la construction des breaks, la stimulation apportée à lorchestre qui sonne superbement en montrant une précision remarquable. Drumology sinspire de Louie Bellson avec l'orchestre Tommy Dorsey : la batterie ne se tient plus au service de ses partenaires mais la situation s'inverse et Guillaume Nouaux dialogue avec l'orchestre avec une virtuosité époustouflante. Incidemment, le livret montre côte à côte les photos de Chick Webb et de Louie Bellson, tous deux derrière leur batterie. Comique la différence de matériel !
L'orchestre Louis Armstrong dirigé par Luis Russell sert ensuite de modèle sur Hear me talkin to ya. Cependant que Jérôme Etcheberry tient le rôle du roi, Guillaume Nouaux fournit un soutien ardent et précis avec breaks, roulements, contretemps insistant, bien dans la lignée Big Sid Catlett. Dans un registre fort différent survient ensuite Jumpin punkins de Duke Ellington. Là, Guillaume ressuscite le jeu discret mais riche en couleurs et en nuances du fameux Sonny Greer. Duke réapparaît plus loin dans Pyramid, occasion d'un salut à Sam Woodyard dans lequel Guillaume restitue le dynamisme, la musicalité, la vigilance du fabuleux modèle. Ainsi défilent les évocations étonnamment fidèles de fameux batteurs, à commencer dans Hampton stomp par un jeu multiforme, foisonnant et fournissant un accompagnement impérieux avec violent after-beat à la Lionel Hampton. Dautres virtuoses reçoivent un hommage convaincant : dans Carioca, Buddy Rich au jeu conjuguant célérité et punch ; dans Drummin man, Gene Krupa à la grande technicité ; dans Concerto for Cozy, Cozy Cole qui swingue de façon impétueuse notamment avec des roulements exceptionnels.
Certains spécialistes négligent les effets du soliste pour se concentrer sur la production d'une pulsation au swing maximal, tel Jimmy Crawford qui se retrouve dans Mandy avec son accentuation unique du contretemps au swing irrésistible, ou encore Ray Bauduc, sur At the jazz band ball, avec un jeu plein d'aisance portant l'empreinte Nouvelle-Orléans. Enfin trois titres rendent visite à Count Basie et se réfèrent à trois spécialistes : Shadow Wilson, efficace avec légèreté dans Queer Street ; Sonny Payne à la vivacité enthousiaste dans Dinner with friends, et bien sûr le seigneur Jo Jones, archétype de l'aisance, la maîtrise, l'invention dans Swingin the blues.
PRIX RÉÉDITION 2014
DU HOT CLUB DE FRANCE
JONAH JONES
MASTERWORKS
Blue Moon - BMCD 845 à 851 et 853
PRIX JAZZ VOCAL 2014 DU HOT CLUB DE FRANCE
NIKKI et JULES
BOJAR Productions
Lets make a better world, Vous faites partie de moi, Baby what you want me to do, Angel kiss, Baby wont you please come home, Mountain blues, À quoi ça sert lamour, Look like twins, Besame mucho, Classified, Embraceable you, Hooties blues, I want to be evil, Bon appétit, La vie en rose .
Voilà une dizaine d'années nous découvrions le jeune Julien Brunetaud jouant le blues au piano de manière extrêmement prometteuse, des promesses qui, par la suite, devaient se trouver généreusement tenues. Plus récemment - La Roquebrou 2012 - Nicolle Rochelle nous révèla un talent de chanteuse (entre autres qualités) éblouissant, agrémenté dune présence exceptionnelle. Astucieusement décidée par le destin, l'association de ces deux artistes ne pouvait que fonctionner brillamment.
Le couple, sous l'appellation Nikki & Jules, utilise un répertoire très varié où le jazz tient une large place... tout comme dans leur premier CD. Nos deux chanteurs se trouvent en compagnie des excellents Bruno Rousselet, contrebasse, Jean-Baptiste Gaudray , guitare, et Julie Saury, batterie. Nicolas Dary au saxo ténor intervient dans quatre plages, cependant que Julien Brunetaud assure les parties de piano, d'orgue et, à l'occasion, de guitare dobro.
L'album s'ouvre sur Lets make a better world porté par une stimulante partie de piano et d'orgue. Julien et Nicolle chantent tour à tour puis ensemble avec une ardeur, une conviction et une fraîcheur irrésistibles, ne s'interrompant que pour laisser le piano se manifester en solo. Cette façon de procéder en chantant lun après lautre, puis en duo se reproduit sur dautres excellentes plages, comme pour montrer un partage de sentiments. Ils se retrouvent dans le fameux blues de Jimmy (et Mama) Reed, Baby what you want me to do, balancé de manière très détendue. Une belle partie de guitare, qui prend aussi un chorus, suivi d'un chorus de dobro, accompagne la partie vocale ardente, parfois fredonnée. Baby wont you please come home débute, comme la version de Bessie Smith, par le couplet hors tempo dit par Nicolle, puis sur tempo lent. Chacun y va de son chorus suppliant, Julien puis Nicolle et, après un chorus orgue-piano, ils reviennent pour un dialogue passionné.
Également sur tempo lent, Look like twins souvre sur un prenant chorus de guitare sur fond d'orgue, puis Julien et Nicolle s'expriment chacun dans un chorus sur un accompagnement de piano chargé d'émotion ; après un chorus de piano, les deux chanteurs échangent en rivalisant de flamme. En hommage à sa bienfaitrice, Joséphine Baker, Nicolle débute hors tempo puis expose Embraceable you en tempo lent. Julien lui succède en reprenant le texte enflammé à son compte avec contre-chant de Nicolas Dary qui prolonge sur un chorus en solo. Nicolle revient chantant en français, Julien survenant à mi-chorus pour donner la réplique en anglais. Hooties blues swingue, allègrement porté par une incisive partie de piano de Julien qui chante plusieurs chorus, Nicolle se contentant de fredonner et de lancer quelques vocalises. En revanche, dans I want to be evil, Nicolle intervient seule, escortée par un piano attentif.
Trois compositions personnelles figurent dans l'album : Angel kiss, pour conserver l'espoir, chanté avec conviction à deux voix ; Mountain blues, pour persister dans l'effort, chanté par Nicolle avec l' efficace soutien d'orgue, dobro et batterie ; Bon appétit, pour l'importance du savoir déguster... avec évocation du cassoulet, le délice mythique des jazzmen d'autrefois.
Nicolle Rochelle interprète également trois morceaux de variété en français. Dans Vous faites partie de moi, autre salut à Joséphine Baker, elle revient, à la fin, au texte anglais de ce titre signé Cole Porter sous l'appellation I've got you under my skin. Dans La vie en rose elle évoque Édith Piaf. Dans À quoi ça sert l'amour, Julien la rejoint pour afficher leur tendre complicité. Ces titres confirment le talent de musicien de Julien Brunetaud et de chanteuse de Nicolle Rochelle à la voix merveilleusement souple, colorée et expressive.
Ce tandem inespéré se révèle fort captivant en disque et l'intérêt croît énormément lorsqu'il se produit en direct. Les médias qui accueillent tellement de groupes consternants seraient bien inspirés d'accorder à Nikki & Jules l'attention qu'ils méritent. (A.V.)
André VASSET (Bulletin du HCF N°631 - Mai 2014 - page 18)
PRIX DOCUMENT INEDIT 2014 DU HOT CLUB DE FRANCE
LIONEL HAMPTON AND HIS ORCHESTRA 1947-1948 -
THATS MY DESIRE
Doctor Jazz DJ 012
1- Red Top, 2- Thats my desire, 3- Hawks nest, 4- Vibe boogie, 5- Muchacho azul (Blue boy), 6- Goldwyn stomp, 7- Loneliness, 8- Hamps got a Duke, 9-Midnight sun, 10- Goldwyn stomp, 11- Mingus fingers, 12- Oh lady be good, 13-Red Top, 14- Chibaba chibaba, 15- Adam blew his hat, 16- Im telling you Sam, 17- Playboy, 18- Always, 19- Dont blame me, 20- How high the moon, 21- Adam blew his hat. Bonus track : 22- Giddy up .
Il était une fois, sur les hauteurs dHollywood, une demeure abandonnée par son ancien et mystérieux propriétaire. En 2013 des travaux de reconstruction mirent au jour un réduit entièrement muré où étaient stockées des boîtes de disques acétate 78 tours comportant des enregistrements de musiques diffusées par la radio. Le lot 150 acétates fut proposé à la vente et acquis par Ben Kragting jr, éditeur de la revue des Pays-Bas Doctor Jazz Magazine, qui y découvrit les faces hamptoniennes ci-dessus et signe à leur propos un copieux livret (en anglais), exemplaire de précision et illustré de photos. Au bout du... conte, nous voici en présence démissions radiophoniques provenant de concerts publics enregistrés à Culver City, Californie, courant novembre 1947 pour la plupart des interprétations, et à Fairmont, Virginie-Occidentale, fin juin 1948 pour les quatre dernières (bonus exclu). Lionel Hampton est à la tête de sa grande formation régulière au personnel présenté comme probable mais les incertitudes sont réduites et globalement identique dans les deux séries. La qualité de restitution est soignée, suite à un méticuleux travail de restauration : certes on na pu éliminer totalement le bruit de surface inhérent au support acétate ni empêcher le son un peu cotonneux de certains ensembles, mais le parasitage nest vraiment gênant que dans How high the moon et, surtout, Giddy up (é « bonus » par antiphrase) dont létat de conservation était précaire. En raison de l'enregistrement ou des transferts successifs, il peut arriver que des interprétations démarrent abruptement, mais une seule, Playboy, reste inachevée.
La consultation de votre discothèque et de vos discographies vous rappellera que la majorité des titres de ces programmes figurent sur des 78 tours Decca gravés à lépoque, parfois avec les mêmes solistes, et réédités par la suite en LP MCA puis CD Classics : dès lors, quel intérêt présentent ces versions radio, certes inédites1 mais faisant parfois double emploi et moins bien reproduites ? Une comparaison avec les faces commerciales répond en partie à la question. Hors du studio, le vibraphoniste peut sadonner au plaisir dallonger ses propres interventions précédant les exposés orchestraux : Hawks nest débute ainsi par quatre chorus (étrangement sur les harmonies du blues) au lieu de deux, Giddy up par six chorus de blues au lieu de deux, et le double Goldwyn stomp (6 et 10) se trouve désormais introduit par trois chorus étincelants de 32 mesures. Du reste, dune façon générale, les faces radio ont une durée plus longue : les deux versions de Red Top (1 et 13) diffèrent de celle du commerce par deux (1) ou trois (13) chorus de ténor (par John Sparrow, robuste) au lieu dun seul, et de six chorus de clarinette (par Jack Kelso, véhément, mais crispant dans laigu) au lieu de deux ; dans Muchacho azul, Lionel Hampton et le ténor Morris Lane jouent chacun un chorus entier au lieu de se partager le même chorus ; pour Adam blew his hat, 24 mesures dintroduction sont ajoutées, dues à Milt Buckner (15) ou à Lionel Hampton (21). Il arrive même que le déroulement dune interprétation subisse des modifications : Playboy (de surcroît étendu à plus de 5 min) est totalement rénové et les trois chorus dHow high the moon sont distincts des deux prises Decca par un tempo moins modéré et un arrangement piano-vibraphone limité au dernier chorus2.
Le second motif dintérêt pour ces documents tient à la nature de leurs sources : lorchestre ne se produit nullement lors de concerts, mais lors de bals et le Meadowbrooks Gardens de Culver City faisait partie de ces immenses salles où se pressaient les danseurs. Lionel Hampton, artiste doublé dhomme de scène auquel la proximité du public était indispensable, est donc ici dans son élément, sélectionnant les titres propres à satisfaire une foule fervente, à lenthousiasme dailleurs perceptible.
De là cette fréquence de thèmes en tempo vif aux arrangements toniques (Goldwyn stomp de Milt Buckner), allègres et bondissants (Playboy de Billy Mackel), survoltés (Hawks nest de Milt Buckner), aux finales en crescendo (Muchacho azul de Bill Doggett, Adam blew his hat de la pianiste Dardanelle Breckenridge), aux multitudes de riffs entre- croisés (Red Top, Vibe boogie, Muchacho azul) ; on assiste même à un déchaînement de furie tout au long dun explosif Lady be good. Car Hampton savait sentourer de musiciens véloces et puissants, comme les trompettes Teddy Buckner (fougueux dans Lady be good), Leo Shepherd (audacieux dans le suraigu en clôture dAdam blew his hat), Duke Garrette (expert en sourdine wa-wa à la fin de Hamps got a Duke), mais il privilégiait les saxos ténor de la lignée Jacquet-Cobb tels que John Sparrow (rugueux dans Adam blew his hat, Playboy et les deux versions de Red Top), Morris Lane (puncheur dans Hawks nest et Muchacho azul), agiles tous les deux dans les chorus en 4/4 échevelés de Lady be good avant un chorus forcené à lunisson. Le choix des rythmiciens est tout aussi significatif, regroupant, autour de la batterie dEarl Walker (adepte du contretemps sans fioritures), la basse du jeune Charlie Mingus (percutant dans Mingus fingers), le piano insistant de Milt Buckner, les guitares de Wes Montgomery (18 à 21) et surtout de Billy Mackel, dont laccompagnement en accords (Goldwyn stomp) ou par petits riffs (Giddy up) est dune merveilleuse efficacité. Reste le chef, omniprésent, exubérant, grommelant, catalysant son orchestre, dialoguant avec les ensembles (Goldwyn stomp), inventant à linfini (les dix chorus de Vibe boogie) ou calmant le jeu le temps dun How high the moon détendu, dun délicat Midnight sun (sur le bel arrangement de Sonny Burke) et dun Thats my desire remarquable par ses variations en double-time ponctuées de breaks.
Parmi ce programme vivifiant annonciateur de louragan qui devait atteindre lEurope quelques années plus tard , on ne sattardera pas sur des titres comme Chibaba chi- baba chanté par les Hamptones et dont le sous-titre My bambino, go to sleep affiche la niaiserie, ou comme lexotique Loneliness (il se pourrait bien quHampton y double le batteur par des roulements serrés sur le tom), ou comme Dont blame me roucoulé par Herman McCoy.
Aurait-on pensé pouvoir accéder en 2014 à des inédits dHampton de près de soixante-dix ans ? Une résurrection due à Doctor Jazz le bien nommé. (J.C.)
1- Seul le second Adam blew his hat (titre 21) était paru sur LP et CD
2- Autre indice de cette liberté, la variation des tempos dun concert à lautre : celui de Goldwyn stomp, moins rapide en 6 (version supérieure) quen 10, ce qui modifie sensiblement la durée (4 min 51 / 3 min 51), celui de Red Top beaucoup plus souple et, partant, plus swingant en 13 quen 1 (4 min 31 / 3 min 49).
Jacques CANÉROT (Bulletin du HCF N°634 - Octobre 2014 - page 18)
Pas de notule pour ce prix
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Pas de notule pour ce prix
Laurent, Bathilde, Big boss, Rosemay, Nandy, La zouzougne, Blues en Guy Demole, La fille, New J.B., Krazoubic, Kouka libre, Reeds, Drums fantasy, Medley : I'll be proud of you, you'll be proud of me / Sweet Louisiana. .
Ce disque a été gravé le 25 mai 2011. en septet. avec des musiciens dont les noms nous sont familiers : outre Olivier Franc (saxo soprano et leader) Gilles Berthenet est à la trompette, Benoît de Flamesnil au trombone, Robert Veen au baryton la rythmique est emmenée par Jean-Baptiste Franc au piano, avec Gilles Chevaucherie à la basse et François Laudet à la batterie.
Olivier Franc s'est attelé à la lourde tâche de réaliser un album constitué uniquement, ou presque, de thèmes originaux de sa composition, hormis New J.B. signé par son fils Jean-Baptiste, et le dernier morceau réunissant deux inédits de Sidney Bechet.
D'entrée, ce qui frappe. c'est la grande homogénéité tant dans l'inspiration que dans l'écriture des thèmes, la plupart fort mélodiques. Les arrangements. de tout premier ordre, ont été écrits par le musicien hollandais Robert Veen qui tient par ailleurs le saxo baryton. Comme l'indique le titre du recueil, Olivier Franc a souhaité recréer l'ambiance des petites formations du Duke tout en y ajoutant la touche et la sensibilité Bechet.
Parmi les interprétations qui me paraissent les plus réussies, je citerai Laurent. Big boss, Rosemay, Blues en Guy Demole, La fille et le medley final l'II be proud of you... / Sweet Louisiana. Le morceau intitulé Laurent est une jolie composition, prise en tempo médium. qui bénéficie d'une belle collective avec de bons solos du pianiste et du bassiste. Bathilde est un thème bluesy au cours duquel le soprano inspiré et lyrique d'Olivier Franc intervient deux fois en solo. Big boss un des meilleurs titres. pris sur un tempo enlevé, est transcendé par un solo plein de flamme du pianiste Jean-Baptiste Franc, et tant les riffs que le phrasé staccato nous rappellent furieusement Christopher Columbus. Rosemay, La fille, Krazoubic et Reeds, sur lesquels plane l'esprit de Sidney Bechet, privilégient avant tout la richesse de la mélodie. Blues en Guy Demole, au titre facétieux, pris en up-tempo, est porté par un after-beat marqué de François Laudet, tandis que le pianiste prend un réjouissant solo et que la collective. au swing appuyé. termine tout en puissance. Drums fantasy est destiné à mettre en valeur le remarquable drumming de François Laudet, seul soliste, dont les interventions sont ponctuées de généreux riffs d'ensemble.
Olivier Franc rend un vibrant hommage à Sidney Bechet dans un medley qui marie deux compositions du maître.inédites jusque-là, I'll be proud of you... / Louisiana, traitées sous la forme d'un concerto pour saxo soprano et orchestre. Soutenu par d'harmonieux organ chords, Olivier Franc y donne le meilleur de lui-même. Le bon trompettiste Gilles Berthenet se fait apprécier tout particulièrement sur Bathilde, La zouzougne et La fille; quant à Benoît de Flamesnil. qui ne lui cède en rien, il est à son avantage dans Big boss, La fille et Krazoubic.
Saluons la prestation d'Olivier Franc, excellent de bout en bout, mais aussi celle de Jean-Baptiste Franc, pour ses remarquables qualités tant à l'accompagnement qu'en solo.
Un disque que l'on ne peut que recommander. (C.S.)
Christian Sabouret (Bulletin du HCF N°609 - Mars 2012, page15)
PINETOP PERKINS
HEAVEN'
BLIND PIG ref.BPCD 5145
44 blues, 4 o'clock in the morning, Relaxin', Sitting on top of the world, Just keep on drinking, Since I fell for you, Pinetop's boogie woogie, Ida B, Sweet home Chicago, Pinetop's blues, Willow weep for me, That's all right.
Le 21 mars 2011, le pianiste et chanteur de blues Joe Willie Pinetop Perkins nous quittait ; il allait avoir quatre-vingt-dix-huit ans et. malgré son âge, il était encore on the road peu de temps avant son décès. Avec lui disparaissait l'une des figures légendaires du blues du Delta. Sa notoriété, bien que tardive, lui avait valu l'obtention de plusieurs Grammy Awards dans la catégorie Bluesmen. Toutefois, si l'on se penche sur le déroulement de sa carrière, on ne peut que constater qu'il resta longtemps dans l'ombre de bluesmen reconnus, notamment en tant que sideman auprès de Muddy Waters et de bien d'autres. C'est donc aussi bien pour honorer sa mémoire que revaloriser son image que le label californien Blind Pig vient de publier des faces restées jusqu'à présent inédites. Elles furent gravées à New York le 24 novembre 1986. Dans la plupart d'entre elles, Pinetop Perkins joue en solo, sauf sur Just keep on drinking, Since I fell for you, Ida B et That's all right où il est accompagné par le bassiste Brad Vickers et le batteur Pete DeCoste. Par sa façon très prenante de chanter, Pinetop Perkins nous immerge dans le blues le plus authentique et, même s'il n'est pas un des plus grands chanteurs de blues, sa voix voilée, teintée de raucité. touche au plus près les racines du blues et ne peut que séduire l'auditeur dans 4 o'clock in the morning, Relaxin', Ida B ou encore Pinetop's blues. Quant à Sitting on top of the blues, c'est son vieux compagnon de route, le batteur Willie Big Eyes Smith. qui le chante avec un joli feeling ; il s'agit d'un blues lent où Pinetop Perkins déroule au piano des phrases bien senties et parsemées de notes bleues. Les faces en trio swinguent allègrement, en particulier Just keep on drinking et Since I fell for you, le succès de Buddy Johnson, ce dernier thème chanté avec conviction par Otis Clay. Pinetop Perkins roule de belles basses et chante avec punch le fameux Pinetop's boogie woogie qu'il affectionnait tout particulièrement et qui lui valut son surnom de Pinetop (de là parfois une certaine confusion quant à l'auteur du morceau qui, en fait, est Clarence `Pinetop' Smith). Atmosphère très groovy sur Ida B où le vocal de Perkins est bien souligné par l'harmoniciste Mike Markowitz et le guitariste Tony O. Sweet home Chicago est de bonne facture et son rolling piano remarquable sur Pinetop's blues. Ne disait-il pas : J'ai pour habitude de rouler les basses comme le tonnerre? La version de Willow weep for me est tout à fait surprenante : Pinetop Perkins interprète le thème staccato, tout en martelant les basses. et transforme cette jolie ballade en un blues parfaitement maîtrisé et fort réussi. Un disque de blues de grande cuvée, millésime 1986. À ne rater sous aucun n rétexte. (C.S.)
Christian Sabouret (Bulletin du HCF N°612 - Juin/juillet 2012, page 18)
BLUES DE PARIS
MOVE IT !
Autoproduit - Le Baron 75003/1
Broken wrist, Cavalaire stomp, Barrelhouse blues, Sliding boogie, Rainy day boogie, You gotta move, Big mama's running, Slow train, Just because, In-go stomp, Workin' man boogie, Cocotte boogie, Blues oh blues, Rumba boogie.
Lorsque François Fournet, talentueux guitariste passionné de blues, rencontra Christian Ponard, autre guitariste présentant les mêmes symptômes, ils se retrouvèrent, embusqués derrière leur guitare, pour se livrer aux joies du duo fraternel. L'exercice se révéla si convaincant que, pour en renforcer l'efficacité, les deux complices accueillirent un autre duo, rythmique cette fois, bassiste et `drummer'. Ainsi naquit, en 2005, Blues de Paris dont le premier album, enregistré peu après, se révéla une bonne réussite signalée par une chronique du Bulletin 560. Vient de paraître le second album du groupe, datant de décembre 2011, qui se révèle plus remarquable encore. Même si les références à certains maîtres ès blues demeurent, la part de thèmes signés François Fournet devient importante dans ce nouveau recueil qui présente une réjouissante variété. Il débute avec Broken wrist, conjurant la catastrophe accidentelle qui, l'an dernier, brisa les deux poignets du chef. La musique nous rassure immédiatement, les deux mains fonctionnent à merveille et la guitare développe calmement son discours passionnant avec une sérénité et une décontraction totales en s'appuyant sur l'impitoyable pulsation de la contrebasse d'Enzo Mucci et de la batterie de Simon Boyer. Sur un tempo semi-lent voisin, Slow train sonne tout aussi superbement, mais dans un climat complètement différent. Plusieurs titres, tous dus à François Fournet, se déroulent de manière emballante sur un tempo plus ou moins vif, à commencer par Cavalaire stomp où la guitare enchaîne les phrases élégantes et les rifs impérieux balancés avec un swing irrésistible. De même, Rainy day boogie swingue furieusement, propulsé par la batterie et surtout la contrebasse avec une impulsion extraordinaire. La guitare se montre particulièrement mobile, captivante et insistante dans Workin' man blues, avec batterie bien en évidence : laconique et terriblement efficace dans Big mama's running, toujours avec rythmique euphorique ; exubérante dans Cocotte boogie ; éloquente dans Rumba boogie où les chorus s'alignent avec aisance et brio. Christian Ponard se trouve en vedette sur Sliding boogie dans lequel, avec enthousiasme, il chante en scat et utilise le slide comme le titre l'indique. Dans You gotta move, il interprète avec émotion ce blues en tempo lent de Fred McDowell d'un ton accablé, résigné. Trois plages sont chantées brillamment par Gabi Schneider, qui possède une voix fort expressive, au parfait timing et d'une décontraction confortable. Elle salue Ma Rainey dans Barrelhouse blues au feeling rayonnant et aussi dans Blues oh blues (seul titre enregistré antérieurement) à l'accent nostalgique. Dans un registre différent, Just because, au ton enjoué, swingue plaisamment, toujours avec l'assistance attentive d'un entourage rebondissant. En deux mots : superbe album ! (A. V.)
André Vasset (Bulletin du HCF N°612 - Juin/juillet 2012, page16)
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