Chroniqué dans le Bulletin HCF N° 688 — mars 2020
llo Pops, Keyhole blues, Up a lazy river, Dream a little dream, I cover the waterfront, Basin Street blues, I’ve got the world on a string, If, Meatball 1, 2, 3, Swing that music, That old feeling, Black and blue, Hello brother, Pops for president, Hello Pops reprise
Quelques précisions avant d’entrer dans le vif du sujet : le présent recueil, enregistré en 2011, a été publié pour la première fois, uniquement sur vinyle, la même année aux États-Unis. Il n’a été publié sur CD, toujours aux États-Unis, qu’en 2016 ; mais c’est seulement tout récemment, grâce à la persévérance de Raphaël Aubin, qu’il nous arrive. Malgré ce retard et compte tenu de l’intérêt qu’il devrait présenter pour nos lecteurs, nous avons jugé utile d’en faire la chronique.
Wycliffe Gordon, né en 1967 en Géorgie, est ce trombone prodige qui commença à jouer de son instrument à l’âge de 13 ans, attiré par les Hot Five et Hot Seven de Louis Armstrong : « Keyhole blues m’a donné envie de jouer du jazz », a-t-il déclaré, et c’est son admiration pour Satchmo qui l’a décidé à consacrer entièrement le présent recueil à son idole.
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En conclusion à cet émouvant et copieux hommage, une courte reprise de Hello Pops permet à Wycliffe Gordon d’exprimer encore une fois son admiration pour celui qui, à plus de deux générations d’écart, fut et reste encore son idole. Et je ne vois pas d’exemple d’un autre musicien de jazz ayant jamais eu une démarche semblable d’une telle ampleur, sans parler de la qualité, rare à notre époque, de cette musique purement jazz. (Dominique Brigaud)
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Chroniqué dans le Bulletin du HCF N° 690 — mai 2020
CD 1 - Fletcher Henderson : Gulf Coast blues, Charleston crazy, Chicago blues ; Bessie Smith : Weeping willow blues ; Ma Rainey : Jelly bean blues ; Fletcher Henderson : Shangai shuffle, The meanest kind of blues ; Maggie Jones : Screamin’ the blues ; Trixie Smith : Railroad blues ; Clara Smith : Shipwrecked blues ; Bessie Smith : Cake walking babies ; Fletcher Henderson : Money blues, Sugar foot stomp, What-cha-call-’em blues, T.N.T. ; Ethel Waters : Tell‘em about me ; Ma Rainey : Chain gang blues ; Fletcher Henderson : Nobody’s rose ; Ethel Waters : I’ve found a new baby ; Bessie Smith : Baby doll ; Fletcher Henderson : The stampede, Jackass blues, Alabama stomp ; Bessie Smith : Young woman’s blues
CD 2 - Fletcher Henderson : Henderson stomp, The chant, Clarinet marmalade ; Clarence Williams : Senegalese stomp ; Fletcher Henderson : Sweet thing, Baby won’t you please come home, Some of these days, Snag it, Stockholm stomp ; Bessie Smith : Alexander’s ragtime blues, Trombone cholly, Hot spring blues ; Fletcher Henderson : Sensation-stomp ; Wabash blues, The wang wang blues, St. Louis shuffle, P.D.Q. blues, Livery stable blues, I’m coming Virginia, The St. Louis blues, Goose pimples ; Bessie Smith : Dyin’ by the hour ; Fletcher Henderson : Hop off
CD 3 - Fletcher Henderson : King Porter stomp, Oh baby !, Feelin’ good, I’m feelin’ devilish, My pretty girl, Sugar foot stomp, I’m crazy about my baby, Just blues, Singin’ the blues, The house of David blues, Sugar ; Horace Henderson : Minnie the Moocher wedding day ; Fletcher Henderson : Shangai shuffle, Grand Terrace swing, Blue Lou, Stealin’ apples, Shoe shine boy, You can depend on me, Shufflin’ Joe ; Horace Henderson : Ain’t misbehavin’ ; Fletcher Henderson : Let’s go home ; Fletcher Henderson All Stars : Casey stew
“Les Trompettes de Fletcher” : impressions d’écoute
Laurent Verdeaux nous ayant fait l’exposé des motifs de l’entreprise menée avec son compère Didier Périer (cf. Bulletin 685, p. 26), je savais, avant de vous communiquer mon audition, qu’il ne s’agissait pas d’une énième édition quelconque de la production fletcherienne, mais plutôt de la mise en valeur, acoustique et technique, du considérable pupitre de trompettistes de cet orchestre fameux, sans négliger évidemment leurs collègues trombonistes, clarinettistes, tubistes, etc.
Avant de me lancer, curiosité aidant, dans la comparaison de certaines interprétations avec leurs correspondantes en éditions précédentes, vinyles ou CD, j’ai écouté ces trois disques en suivant sur mon système audio (que je détaille ci-dessous pour ceux que cela intéresse).
Mon impression immédiate a été la très grande propreté de la gravure réalisée, même pour les morceaux les plus anciens du CD1.
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On pourrait détailler ainsi chaque interprétation ; et toute nouvelle écoute mène à des découvertes pleines d’intérêt. Je dirai pour conclure : de la belle ouvrage, vraiment ! (Daniel Janissier)
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Chroniqué dans le Bulletin du HCF N° 687 février 2020
La collection Jazz Puzzles s’enrichit d’un troisième volume. Le premier dressait le portrait de quatorze musiciens néo-orléanais, le deuxième s’intéressait aux orchestres qui se produisaient sur les riverboats1. Le présent ouvrage met en lumière les lieux périphériques des deux grandes villes louisianaises, La Nouvelle-Orléans et Baton Rouge, dans lesquelles, entre les deux guerres mondiales, se sont implantés nombre de cabarets et de dancings, ainsi que les musiciens qui s’y sont produits.
Le développement de la plupart de ces établissements s’explique par le contexte historique de l’époque. L’entrée en guerre des États-Unis (avril 1917) fit affluer des milliers de soldats et de marins à La Nouvelle-Orléans, où se trouvaient un camp d’entraînement et une base navale. Aussitôt les autorités civiles et militaires prirent des mesures pour interdire aux bars, hôtels et restaurants de vendre de l’alcool aux militaires. Par crainte de voir se propager alcoolisme et maladies vénériennes, l’armée procéda à la fermeture, en novembre 1917, du quartier de Storyville, symbole du divertissement et de la débauche. Finalement, au cours de l’année 1918, police et fonctionnaires gouvernementaux firent la chasse aux contrevenants, si bien que la clientèle désireuse de s’amuser se déplaça dans les faubourgs où s’élevèrent bientôt de grandes salles où l’on pouvait dîner, danser et même jouer.
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Ce nouveau volume de la collection Jazz Puzzles, par la richesse de son contenu, rend hommage aux acteurs, souvent oubliés, de la vie musicale néoorléanaise. (Alain Carbuccia)
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GRAND PRIX
GUILLAUME NOUAUX
& THE STRIDE PIANO KINGS
Chroniqué dans le Bulletin HCF N° 693
PRIX SPÉCIAL DU JURY
JEAN-PIERRE BERTRAND
"MOSAIC"
Black & Blue BB 1084 - SOCADISC
Chroniqué dans le Bulletin HCF N° 687
PRIX INSTRUMENTISTE
WYCLIFFE GORDON
"HELLO POPS !"
A TRIBUTE TO LOUIS ARMSTRONG
Blues Back Records 85767 89512
Chroniqué dans le Bulletin HCF N° 688
PRIX RÉÉDITION
FLETCHER HENDERSON
& HIS ORCHESTRA
"LES TROMPETTES DE FLETCHER 1923-1941"
3 CD Frémeaux & Associés FA 5754
Chroniqué dans le Bulletin HCF N° 690
PRIX LIVRE
JAZZ PUZZLES VOL.3
New Orleans and Baton Rouge
Suburban Jazz
par Dan Vernhettes et Bo Lindström
Chroniqué dans le Bulletin HCF N° 687
LE JURY A TENU À DISTINGUER ÉGALEMENT LES TROIS RECUEILS SUIVANTS :
ALBERT AMMONS BOOGIE WOOGIE KING - COMPLETE WORK
Editions Cafe Society
Chroniqué dans le Bulletin du HCF n° 681 de Juillet 2019
Coffret de 30x30x3 cm comprend :
- Un livret (en anglais) de 192 pages, illustré de nombreuses images ou photographies N&B et couleur.
- Un ensemble de 9 CD
- Un DVD de 30 minutes.
Tirage limité à 500 exemplaires.
ll s'agit du Grand Oeuvre de Michel Pfau, formidable somme de connaissances consacrées au pianiste Albert Ammons, amassées pendant des années au prix de recherches intenses, voire acharnées, et inventoriant tout ce qu'il est possible de savoir du Roi du Boogie Woogie.
C'est hélas au moment de concrétiser les résultats de cette quette opiniâtre que Michel Pfau nous a quittés, un triste jour de 2013. Laissant toutefois à ses proches les prescriptions nécessaires à l'édition d'un ouvrage permettant à tout un chacun de profiter de sa précieuse étude. C'est à cette lourde tache que se sont dévoués trois de ses amis très proches - Gisele Larrivée, Michel Dovaz, Jean-François Cangardel - à qui nous devons la présente publication.
Sous la forme d'un impressionnant coffret sont réunis : un copieux livret regroupant tout ce qui peut être connu de l'œuvre et de la carrière d'Albert Ammons, neuf CD contenant la quasi-totalité de ses enregistrements, soit plus de deux cents morceaux en comptant les secondes prises, un DVD dans lequel on trouvera toutes les apparitions du pianiste à l'écran - dont le moyen-métrage Boogie Woogie Dream - ainsi que de rares documents visuels...
2 CDS
Guillaume Nouaux est un personnage étonnant à plus d'un titre (c'est le cas de le dire). Batteur, il incarne la technique sans épate, la puissance sans effort, un swing de tous les instants, une capacité d'écoute et d'adaptation très développée...
L'incontournable Guillaume Nouaux a toujours une idée en tête. La dernière en date de ses idées lui est venue de l'audition (fortuite) de Zutty & The Clarinet Kings remontant à 1967 et résultant d'une séance très clarinettistique du grand Zutty Singleton ... Les options : on fera varier le personnel et se relayer 4 pianistes et 11 clarinettistes triés sur le volet, appréciés des scènes festivalières au hasard des programmations et des rencontres. Seul restera omniprésent Guillaume Nouaux lui-même, capable de tant de façons de s'exprimer qu'on aura l'impression d'entendre plusieurs batteurs dont le point commun serait le swing dont ils font preuve.
Une fois le projet bouclé, passage à l'acte et sollicitation des intéressés. Les onze clarinettistes sont enthousiasmés. Mais, vu leur éparpillement géographique, il faut un bon bout de temps pour profiter de la présence, en ordre dispersé, dans la région parisienne d'un Louisianais : Evan Christopher, d'un Finlandais : Antti Sarpila, d'un Allemand : Engelbert Wrobel, d'un Japonais : Eiji Hanaoka, de deux Hollandais : Frank Robertscheuten et David Lukas . Ajoutez un Espagnol (Parisien d'adoption) : Essaie Cid et trois Français : Aurélie Tropez, Jean-François Bonnel, Jérôme Gatius, et vous aurez une idée du panel de ce côté-là. Quant au quarteron de pianistes, il comporte un Italien (Luca Filastro), un Hollandais (Harry Kanters) et deux Français (Jacques Schneck et Alain Barrabès).
Avec de la patience, on finit par y arriver pour un résultat tout à fait remarquable, dont l'homogénéité démontre à quel point cette musique est fédératrice : là où on se serait attendu à un catalogue d'impressions disparates, on se retrouve devant une sorte de réunion de famille où divers accents marquent la même langue. Et, comme la clarinette est l'instrument par excellence du style Nouvelle-Orléans, l'origine de cette langue saute aux oreilles...
PRIX GOSPEL 2019
au DVD
ARETHA FRANKLIN – “AMAZING GRACE”
Metropolitan Filmexport EDV 518
Chroniqué dans le Bulletin du HCF du n° 684
En anglais - Sous-Titré en français (sauf pour les paroles des cantiques)
- 1ere soirée
- 2e soirée
- générique de fin
Ce concert fut enregistré en janvier 1972 et publié en vinyle, sous le titre Amazing Grace, bien avant de l'être en double CD Atlantic 29061 ...
Pour ce DVD, le document filmé (tourné en 16 mm) prend parfois des allures de reportage, ce qui ne déplaira pas aux cinéphiles. On pénètre dans les coulisses de la mission à l'heure des ultimes préparatifs, puis dans l'église au moment des dernières mises au point, avant de suivre l'entrée en scène des choristes cheminant sur un souple tempo moyen avec une démarche dansante accompagnée de claquements de mains. Ce chœur - galvanisé par la gestuelle de son chef, Alexander Hamilton - sera constamment à l'écran. Il contribuera à la ferveur des deux soirées, tantôt assis, tantôt debout, frappant dans les mains avec énergie, certains choristes se dressant soudain à l'improviste pour héler la chanteuse. De nombreux plans de l'assistance témoignent de sa communion avec les acteurs d'une cérémonie qui n'a rien de statique ou de compassé : on prie, on rit, on applaudit, on marque le contretemps, on se lève, on danse sur place, éventuellement devant l'orchestre.
On assiste aux entrées et aux sorties d'Aretha Franklin, à ses apartés avec le révérend. Des plans de coupe témoignent de son émotion lors de l'intervention de son père. On perçoit l'affairement de l'équipe de réalisation, son envie de capter au plus près les comportements : de là les zooms rapides, le fréquent retour aux gros plans, l'emploi de contre-plongées renforçant la majesté de la chanteuse. C'est tout le déroulement complexe d'un spectacle d'exception qu'il nous est donné d'appréhender de l'intérieur autant que de l'extérieur.
Il n'existe probablement pas de document semblable à celui-ci. On a parlé d'événement à son propos : pour une fois le mot n'est pas trop fort.
Extraits de la Chronique de Jacques Canérot, publiée dans le Bulletin du HCF n° 684 de Novembre 2019
PRIX LIVRE
RABBIT'S BLUES
The Life and Music of Johnny Hodges
de
Oxford University Press, 2019.
Relié, 227 pages. (23,6 x16 cm)
Cahier photos en noir et blanc & couleur
ISBN 978-0-065392-7 .
En anglais.
Vingt chapitres pour cerner la personnalité complexe d'un des saxophonistes majeurs de l'histoire du jazz. Si l'auteur suit la chronologie de la vie et de la carrière du musicien, il l'interrompt souvent de développements sur des sujets spécifiques : la place d'Hodges au sein de l'orchestre d'Ellington, ses rapports avec les autres musiciens, ses relations familiales. Sont également abordées les questions d'ordre musical, comme les rapports entre jazz et danse, les évolutions consécutives à l'avènement du bop de Charlie Parker et, bien sûr, la formation et l'épanouissement d'un style caractérisé par un traitement particulier du son. Quant à la relation entre Johnny Hodges et Duke Ellington, faite d'estime et d'une réelle connivence, elle occupe une place centrale dans l'ouvrage.
L'ampleur des recherches effectuées par l'auteur est impressionnante, qu'il s'agisse de textes autobiographiques de musiciens, d'interviews, d'ouvrages critiques, de dictionnaires, de magazines (le Bulletin du Hot Club de France n'est pas oublié). Une vingtaine de photographies complète utilement cette biographie « éditée avec soin, documentée, riche en études comme en anecdotes », consacrée à un artiste prestigieux de la musique de jazz.
(Chronique détaillée, de Jacques Canérot, dans le Bulletin du HCF n° 685 - décembre 2019)
Chroniqué dans le Bulletin du HCF N° 687 février 2020
La collection Jazz Puzzles s’enrichit d’un troisième volume. Le premier dressait le portrait de quatorze musiciens néo-orléanais, le deuxième s’intéressait aux orchestres qui se produisaient sur les riverboats1. Le présent ouvrage met en lumière les lieux périphériques des deux grandes villes louisianaises, La Nouvelle-Orléans et Baton Rouge, dans lesquelles, entre les deux guerres mondiales, se sont implantés nombre de cabarets et de dancings, ainsi que les musiciens qui s’y sont produits.
Le développement de la plupart de ces établissements s’explique par le contexte historique de l’époque. L’entrée en guerre des États-Unis (avril 1917) fit affluer des milliers de soldats et de marins à La Nouvelle-Orléans, où se trouvaient un camp d’entraînement et une base navale. Aussitôt les autorités civiles et militaires prirent des mesures pour interdire aux bars, hôtels et restaurants de vendre de l’alcool aux militaires. Par crainte de voir se propager alcoolisme et maladies vénériennes, l’armée procéda à la fermeture, en novembre 1917, du quartier de Storyville, symbole du divertissement et de la débauche. Finalement, au cours de l’année 1918, police et fonctionnaires gouvernementaux firent la chasse aux contrevenants, si bien que la clientèle désireuse de s’amuser se déplaça dans les faubourgs où s’élevèrent bientôt de grandes salles où l’on pouvait dîner, danser et même jouer.
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Ce nouveau volume de la collection Jazz Puzzles, par la richesse de son contenu, rend hommage aux acteurs, souvent oubliés, de la vie musicale néoorléanaise. (Alain Carbuccia)
Lire l'intégralité de cette chronique dans le Bulletin du HCF N° 687 février 2020
GRAND PRIX
au Coffret de 9 CD & 1 DVD
conçu par Michel Pfau
ALBERT AMMONS BOOGIE KING - COMPLETE WORK
Chroniqué dans le Bulletin du HCF n° 681
PRIX SPECIAL DU JURY
au Double CD
GUILLAUME NOUAUX AND THE CLARINET KINGS
Chroniqué dans le Bulletin du HCF du n° 685
LE JURY A TENU À DISTINGUER ÉGALEMENT LES TROIS RECUEILS SUIVANTS :
JOE ALTERMAN
More Cornbread/Live !
CD Autoproduit
Chroniqué dans le
Bulletin du HCF n° 678
HOT SWING SEXTET
“ Black Market Stuff "
CD Melodinote MEL07
Chroniqué dans le
Bulletin du HCF n° 674
WYNTON MARSALIS
“ Bolden ”
CD Blue Engine Records
Chroniqué dans le
Bulletin du HCF n° 660
MEM’ORY – “RAGTIM’ORY”
CD Frémeaux & Associés FA 8563
Enregistré début 2018, “Ragtim’Ory” est le deuxième disque réalisé par l’orchestreMem’Ory que dirige Michel Bonnet. Nous avions dit grand bien du premier (voir Bulletin 643 de août-septembre 2015), intitulé “Muskrat Ramble”, et se retrouvent ici les mêmes qualités, la composition de l’orchestre restant inchangée : Michel Bonnet (trompette et leader), Patrick Bacqueville (trombone et chant), Guy Bonne (clarinette), Jacques Schneck (piano), Christophe Davot (guitare), Enzo Mucci (contrebasse) et Michel Sénamaud (batterie).C’est au grand tromboniste Nouvelle-Orléans Kid Ory que rend hommage, depuis 2007, cet orchestre constitué de musiciens de tout premier plan, qui pratiquent ce style avec un tel naturel que l’on croirait entendre le fameux Kid Ory’s Creole Jazz Band. Il importe de souligner combien Michel Bonnet a déployé d’énergie, d’opiniâtreté et de talent pour atteindre ce résultat, mais aussi combien chacun des membresdu groupe contribue à cet achèvement. Ainsi, à la trompette, lorsqu’il joue dans le chapeau, Michel Bonnet est proche de Mutt Carey, avec davantage d’attaque, de mordant, tandis que, ouvert, il fait penser à des trompettes plus puissants comme Andrew Blakeney. Guy Bonne, très agile dans son emploi de tous les registres à la clarinette, à la sonorité proche de celle d’Omer Simeon et de Darnell Howard, excelle à fondre sa partie dans les ensembles et se montre convaincant en solo. Il faut mettre en avant Patrick Bacqueville, qui réussit l’impensable, se mettre dans la peau de Kid Ory : qu’il joue ouvert ou bouché (utilisant par exemple comme sourdine une boîte vide de Ricoré !), on jurerait que ses glissandos et son ‘growl’ émanent du Kid lui-même.
Un autre point fort de la formation est sa rythmique, bien soudée sans jamais être lourde. Michel Sénamaud fait revivre Minor Hall, avec ses quatre temps par mesure à la grosse caisse, ses prodigieux roulements « serrés » et l’accentuation du contretemps sur la grande cymbale pour faire monter la tension au paroxysme ; Jacques Schneck, au jeu toujours bien adapté, peut parfois évoquer Don Ewell, tandis que Christophe Davot et Enzo Mucci assurent à la perfection cette pulsation soyeuse et confortable qui caractérise les meilleurs de leurs confrères originaires de La Nouvelle-Orléans.
Ici, tout le monde est à l’unisson et swingue impétueusement des thèmes de ragtime ou apparentés. Le ragtime, c’était la première rythmification de la musique classique de la seconde partie du XIXe siècle ou du début du XXe. La plupart des thèmes choisis datent de cette époque, avec par exemple pour auteurs Scott Joplin ou encore Debussy avec Le petit Nègre, mais on trouve aussi un ragtime composé récemment, le Bis Scott rag de Claude Bolling. Le texte du livret par Philippe Baudoin, très documenté, donne toutes les précisions voulues sur le ragtime et les morceaux interprétés. Mis à part quatre plages : Chrysanthemum et Sensation (inspirés de leur version par Mutt Carey), The entertainer (version différente de celle du premier disque de Mem’Ory) et Tiger rag (seul thème du présent CD à avoir été interprété par le Creole Jazz Band de Kid Ory), toutes les autres sont des versions orchestrales inédites, élaborées à partir des seules partitions originales pour piano, à l’exception de deux morceaux qui ont été adaptés à l’esprit du ragtime par l’orchestre : La Marseillaise (dont nous connaissons d’autres interprétations jazzées) et Le P’tit Quinquin. Concernant cette dernière chanson, emblème des Ch’tis , composée en 1853 à l’époque du cake-walk – ancêtre du ragtime –, une surprise attend les auditeurs : les paroles en sont chantées par Patrick Bacqueville, avec l’accent le plus authentique qui soit puisqu’il est lui-même un Ch’ti ; cette interprétation constitue en fait un remerciement, en forme de clin d’oeil, à Henri et Jacqueline Delhaye, deux autres Ch’tis , membres du HCF, qui ont sponsorisé la production de cet album.
Quelques notes au fil des plages. Chrysanthemum est un thème qui se prête bien au jazz et l’auditeur est donc immédiatement conquis par de superbes rugissements de trompette, grondements de trombone et enjolivures de clarinette ; il ne reste plus qu’à savourer la suite. The Entertainer, thème fort connu et swingant, est enrichi d’un beau solo de trompette. The suffragette, joué en valse lente, s’éloigne un peu du jazz. Au contraire, Bis Scott rag, de Bolling, se prête particulièrement bien au swing ; il contient en outre un excellent et, pour une fois, assez long solo de trompette dans le chapeau , puis une énergique intervention de trombone (exactement ce que l’on aime), enfin un remarquable solo de clarinette ; et, dans la coda, une citation de Borsalino par la trompette en guise de salut à Claude Bolling. Le petit Nègre, célèbre composition de Debussy, se prête également fort bien au swing et l’orchestre en donne une version entraînante, avec une superbe partie de trombone à la Kid Ory qui vitalise l’ensemble de l’interprétation. On admire aussi le jeu assuré, bien découpé, de Michel Bonnet ainsi que celui de Guy Bonne, fluide alors que sa clarinette conserve une sonorité charnue. Le tout emmené par la rythmique, qui swingue férocement. Chicken reel nous est aussi familier car il servit d’indicatif à l’émission télévisée Histoires sans paroles ; il comporte une phrase récurrente, jouée à la flûte à bec par Michel Bonnet, avant que l’orchestre n’enchaîne avec sa version ragtime. La Marseillaise est une autre des meilleures exécutions du recueil, son astucieux arrangement se montrant propice au swing. Dans la belle ballade Solace, de Scott Joplin, on retrouve la ‘spanish tinge’ chère à Jelly Roll Morton, c’est-à-dire un aspect rythmique un peu chaloupé ; on entend au début un duo trompette/guitare, ensuite vient le piano, puis l’orchestre. Après Le P’tit Quinquin, fort réussi dans son genre, vient Rubber plant rag, solidement swingué, surtout connu au travers de l’emprunt qu’en a fait Sidney Bechet en 1950, le rebaptisant Moulin à café. A real slow drag, tiré de l’opéra-ragtime Treemonisha de Joplin, joli morceau en tempo lent qui se rapproche du classique, est chanté à deux voix au début (Patrick Bacqueville et Christophe Davot), puis à quatre (en ajoutant Guy Bonne et Michel Bonnet). L’album se termine en beauté par deux autres thèmes superbement swingués qui nous comblent : Sensation et Tiger rag. Ce CD sera disponible à partir de sa soirée officielle de présentation, prévue le vendredi 14 décembre 2018 au Jazz Café Montparnasse. (F.A.)
PRIX SPÉCIAL DU JURY
à
DUKE ELLINGTON“THE TREASURY SHOWS Vol. 25”
PRIX LIVRE
RABBIT'S BLUES
The Life and Music of Johnny Hodges
de
Oxford University Press, 2019.
Relié, 227 pages. (23,6 x16 cm)
Cahier photos en noir et blanc & couleur
ISBN 978-0-065392-7 .
En anglais.
Vingt chapitres pour cerner la personnalité complexe d'un des saxophonistes majeurs de l'histoire du jazz. Si l'auteur suit la chronologie de la vie et de la carrière du musicien, il l'interrompt souvent de développements sur des sujets spécifiques : la place d'Hodges au sein de l'orchestre d'Ellington, ses rapports avec les autres musiciens, ses relations familiales. Sont également abordées les questions d'ordre musical, comme les rapports entre jazz et danse, les évolutions consécutives à l'avènement du bop de Charlie Parker et, bien sûr, la formation et l'épanouissement d'un style caractérisé par un traitement particulier du son. Quant à la relation entre Johnny Hodges et Duke Ellington, faite d'estime et d'une réelle connivence, elle occupe une place centrale dans l'ouvrage.
L'ampleur des recherches effectuées par l'auteur est impressionnante, qu'il s'agisse de textes autobiographiques de musiciens, d'interviews, d'ouvrages critiques, de dictionnaires, de magazines (le Bulletin du Hot Club de France n'est pas oublié). Une vingtaine de photographies complète utilement cette biographie « éditée avec soin, documentée, riche en études comme en anecdotes », consacrée à un artiste prestigieux de la musique de jazz.
(Chronique détaillée, de Jacques Canérot, dans le Bulletin du HCF n° 685 - décembre 2019)
Chroniqué dans le Bulletin du HCF N° 687 février 2020
La collection Jazz Puzzles s’enrichit d’un troisième volume. Le premier dressait le portrait de quatorze musiciens néo-orléanais, le deuxième s’intéressait aux orchestres qui se produisaient sur les riverboats1. Le présent ouvrage met en lumière les lieux périphériques des deux grandes villes louisianaises, La Nouvelle-Orléans et Baton Rouge, dans lesquelles, entre les deux guerres mondiales, se sont implantés nombre de cabarets et de dancings, ainsi que les musiciens qui s’y sont produits.
Le développement de la plupart de ces établissements s’explique par le contexte historique de l’époque. L’entrée en guerre des États-Unis (avril 1917) fit affluer des milliers de soldats et de marins à La Nouvelle-Orléans, où se trouvaient un camp d’entraînement et une base navale. Aussitôt les autorités civiles et militaires prirent des mesures pour interdire aux bars, hôtels et restaurants de vendre de l’alcool aux militaires. Par crainte de voir se propager alcoolisme et maladies vénériennes, l’armée procéda à la fermeture, en novembre 1917, du quartier de Storyville, symbole du divertissement et de la débauche. Finalement, au cours de l’année 1918, police et fonctionnaires gouvernementaux firent la chasse aux contrevenants, si bien que la clientèle désireuse de s’amuser se déplaça dans les faubourgs où s’élevèrent bientôt de grandes salles où l’on pouvait dîner, danser et même jouer.
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Ce nouveau volume de la collection Jazz Puzzles, par la richesse de son contenu, rend hommage aux acteurs, souvent oubliés, de la vie musicale néoorléanaise. (Alain Carbuccia)
Lire l'intégralité de cette chronique dans le Bulletin du HCF N° 687 février 2020
PRIX SPÉCIAL DU JURY
DUKE ELLINGTON TREASURY SHOWS
Ensemble de 25 volumes publiés
D. E. T. S. N° 903 001 à 903025
LE JURY A TENU À DISTINGUER ÉGALEMENT LES QUATRE RECUEILS SUIVANTS :
PAULINE ATLAN
" Le Monde de Fats "
CD Ahead AH 835.2
JOE ALTERMAN
" Comin' Home To You "
CD Boby 8882295532549
HARLEM À LIMOGES
CD Ville de Limoges / Bfm © 835.2
THE SAVORY COLLECTION 1935-1940
CD - Coffret Mosaic MD6-266
Erroll’s theme – Passin' through, When your lover has gone, Dreamy, 7-11 jump, The lovin’ touch, That’s my lick, Tea for two, Misty, On the street where you live, Dancing tambourine, Erroll’s theme – Encore
Comment ce diable de Pierre Christophe parvient-il à entrer dans l’esprit musical d’Erroll Garner en se gardant d’en faire une copie pure et simple ? Je l’ignore, mais il y parvient. Sa musicalité, son inventivité sont en permanence sur la brèche quelle que soit la durée de la pièce enregistrée ; jamais l’intérêt ne faiblit. Misty, qui s’étend sur neuf minutes, en est la démonstration éclatante : pas une seconde de relâchement ou de distraction ‒ passionnant de bout en bout.
On admirait chez Garner cette qualité de savoir maintenir un intérêt constant et même croissant. Pierre Christophe réalise le même miracle. Je vais vous dire ceci : faute de temps, j’avais prévu d’écouter les douze plages en deux fois pour faire cette chronique. Mais je n’ai pas pu : captivé par cette musique, j'ai écouté le CD de bout en bout sans pouvoir m'en détacher tellement c’est vivant, inventif et joliment enregistré. La seule chose qui m’ait paru distinguer significativement les deux pianistes est le toucher plus européen, plus classique chez Pierre Christophe et des dons de créativité plus… comment dire ? plus européens eux aussi. Mais en fait, c’est peut-être ce toucher plus que le phrasé ou le développement mélodique qui laissent cette impression.
Les trois musiciens qui l’accompagnent méritent aussi leur part de louange : Stan Laferrière à la batterie efficace et souple, jamais envahissant (danger redoutable et fréquent en petite formation) ; Raphaël Dever dont la partie de contrebasse, adéquate et pleine de swing, fournit en outre un des plus beaux sons ‒ si ce n’est le plus beau ‒ des générations actuelles. Quant aux congas, qui ont plutôt tendance à me faire tordre le nez à cause de ce côté « latino » qui convient si peu au jazz, Laurent Bataille parvient à me convaincre de leur adéquation avec la partie de piano grâce à une intégration parfaite et un son ferme de l’instrument loin des bruits habituels de lavabo qui se vide. Surtout est appréciable sa mise en place rythmique favorable au swing, absolument épargnée par ce maniérisme exotique si souvent redoutable. Louis Armstrong, Ella Fitzgerald et d’autres ont su, comme Garner, tirer le meilleur parti et un swing intense de ces rythmes étrangers au jazz. Jelly Roll Morton ne faisait-il pas quelque chose d’équivalent avec sa ‘Spanish tinge’ ?
Ne me demandez pas ma plage préférée : tout est épatant, jusqu’à l’intrigant Tea for two interprété de façon pour le moins inhabituelle, mais avec quel swing ! Erroll Garner en avait donné une version, jouée en partie sur harpsichord1, pleine d’humour et d’esprit et sur des rythmes tirés du célèbre mambo, parmi d’autres incursions en territoire caraïbe.
C'est au cours d’un concert Jazz in Vaux, donné à Vaux-sur-Mer près de Royan, que ce CD a été enregistré par Carl Schlosser et masterisé par François Biensan. Connaissant leurs compétences, rien d’étonnant à ce que le résultat soit superbe. En outre, les morceaux extraits du concert pour ce CD ont été intelligemment choisis car, à côté de quelques « incontournables », on y trouve une majorité de thèmes peu rebattus.
J’ajouterai enfin que l’illustration de la couverture de pochette représentant Erroll assis devant son piano sur un tabouret rehaussé d’une pile de documents, est due au crayon incomparable de Michel ‘Boss’ Quéraud dont on débat encore pour savoir s’il est d’abord un grand dessinateur, un grand trompette ou un grand clarinettiste… et par-dessus tout un homme charmant qui a su rappeler ce que l’on voyait en effet sur scène et ainsi évoquer la petite taille de Garner avec humour et gentillesse.
Même si vous possédez des piles de disques d’Erroll Garner, précipitez-vous sans hésitation pour vous procurer ce disque du Pierre Christophe Quartet 2.
7:33 to Bayonne, Don’t be afraid baby, Esquire bounce, You can’t loose (sic) a broken heart, Time on my hands, Victory stride, Foolin’ myself, Squatty roo, She’s funny that way, Between the devil and the deep blue sea, I’ve got the world on a string, Ballad medley (September song / My one and only love / Cocktail for two), If dreams come true, La ligne claire
Cette fumante session a été enregistrée au Théâtre de Bayonne qui a seArvi pour l’occasion de « studio » ; c’était en octobre 2015, mais elle n’a été éditée que tout récemment. Fait marquant, il s’agit d’un concept tout à fait original puisque ce trio était constitué d’un trompettiste, d’un saxophoniste ténor et d’un pianiste. Avec respectivement pour interprètes : Jérôme Etcheberry, Michel Pastre et Louis Mazetier. Autrement dit, trois parmi les meilleurs musiciens français qui se puissent réunir. La cohésion, la précision du jeu, l’inspiration des trois protagonistes font de cet opus une totale réussite. Pour pallier l’absence de basse et de batterie, Louis Mazetier avait en charge d’occuper tout l’espace de la rythmique, ce qu’il fit avec brio grâce à son robuste jeu de main gauche.
La session s’ouvre avec 7:33 to Bayonne (en référence à l’horaire du train qu’avait pris Jérôme Etcheberry pour se rendre à Bayonne). C’est une agréable composition du trompettiste qui met immédiatement tout le monde dans le bain. Passons à Esquire bounce, pris sur un tempo médium/rapide bien balancé et permettant aux deux souffleurs de se mettre en valeur, soutenus par une pompe robuste de Louis Mazetier. James P. Johnson est à l’honneur avec sa belle composition You can’t lose a broken heart1 (Pierre Christophe regrettait que ce thème soit fort peu joué : voilà qui le réjouira). Michel Pastre est mis à contribution sur ce morceau qu’il exécute avec délicatesse et feeling, porté par une pompe appuyée de Louis Mazetier, celui-ci prenant aussi un bon solo. Time on my hands est traité dans le même esprit, avec un certain côté intimiste, et bénéficie d’un solo bien articulé de Jérôme Etcheberry. Autre œuvre signée James P. Johnson, le célèbre Victory stride, trop rarement jouée elle aussi. C’est une face jubilatoire démarrant en trombe, exposée tout en puissance par les souffleurs. Jérôme Etcheberry, en jouant ouvert, poursuit de fringante façon, suivi par ses deux comparses tout aussi swingants qu’efficaces. Squatty roo est une rutilante version du fameux thème de Johnny Hodges, là encore parfaitement menée par le saxophone et la trompette, précédant une vivifiante intervention de Louis Mazetier mélodieuse à souhait. Belle version de Between the devil and the deep blue sea, marquée par un solide échange auquel se livrent les deux souffleurs, laissant la place au pianiste très incisif puis au trompettiste qui joue fermé. Précisons que, tout au long de ce disque, Jérôme Etcheberry utilise différents types de sourdines, créant ainsi un climat musical aussi riche que varié. Le trompettiste ouvre le Ballad medley avec September song qu’il développe avec beaucoup de verve et d’expressivité, accompagné par Louis Mazetier. Ce dernier enchaîne, seul, avec My one and only love, au cours duquel il fait étalage de sa grande classe. Michel Pastre, unique soliste de Cocktail for two joué avec chaleur et lyrisme, ferme le ban, là encore bien épaulé par le pianiste. If dreams come true est pris sur un tempo allègre, exposé par Michel Pastre, avec le trompettiste en contre-chant ; lui succèdent Louis Mazetier avec un solo aérien, puis un savoureux dialogue trompette/ténor prolongé par une coda à l’unisson. Du bel ouvrage. C’est à Louis Mazetier de conclure avec une de ses compositions, La ligne claire, qu’il détaille avec sérénité et un swing mesuré mais bien présent.
Un album de haute tenue. À acquérir sans tarder ! (C.S.)
Cette nouvelle série « 1000 » de Black & Blue est consacrée à des enregistrements pris sur le vif lors de concerts donnés en 1978, à la Grande Parade du Jazz de Nice, qui fut pendant plus de quinze ans l’événement jazz-festivalier majeur français et même européen.
Ce Prix Concerts Inédits 2017 du Hot Club de France couvre :
Les CD Nice Jazz 78 chroniqués dans le Bulletin du HCF en 2017 :
- Bulletin du HCF 659 (Mars 2017) : Carrie Smith (BB 1000) - Helen Humes (BB 1001) – Mary Lou Williams (BB 1002) .
- Bulletin du HCF 662 (Juin-juillet 2017) : Illinois Jacquet (BB 1004) – Guy Lafitte (BB 1005) – Harry Edison (BB 1007) – Jonah Jones (BB 1008)
CARRIE SMITH - Nice Jazz 1978 (CD Black & Blue 1000)
When you’re smiling, Someday you’ll be sorry, Bill Bailey, She’s funny that way, My blue heaven, It’s only a paper moon, Rockin’ chair, Bourbon Street parade, I’m sitting on the top of the world, What a difference a day made, I got it bad, I’d rather drink muddy water, Love is here to stay, ‘Deed I do, Say it isn’t so, Empty bed blues, Someday I’m happy, Can’t help loving that man of mine, God bless the child, Do you want a gal like me
Voilà un bon début, dont le seul défaut est une prise de son un peu dure (surtout pour les diverses contrebasses en présence). L’affaire commence le 9 juillet 1978 et va durer jusqu’au14, séjour pendant lequel la grande chanteuse est confiée à des accompagnateurs variables, en cinq tranches de quatre morceaux : Hank Jones, Milt Hinton et Jo Jones, pour commencer (les quatre premières plages). J’ai personnellement une préférence pour la deuxième tranche et en particulier un délectable Rockin’ chair – même si Jonah Jones est un peu faiblement enregistré dans son excellent accompagnement. À souligner qu’on entend dans cette série du très bon Dicky Wells. Dans I’m sitting on the top of the world, What a difference a day made, I got it bad, I’d rather drink muddy water, apparaît une formation plus fournie (Illinois Jacquet, Pee Wee Erwin, Claude Gousset, Paul Bascomb, Dick Hyman, Pierre Michelot et Oliver Jackson) ; la suite (Love is here to stay, ‘Deed I do, Say it isn’t so, Empty bed blues) se passe avec trois saxos : Eddie Davis, Arnett Cobb et Eddie Vinson. Ce dernier donne de la voix et la réplique à la diva dans Empty bed blues, un vieux blues de Bessie Smith, où on entend également les deux ténors improviser des riffs et Arnett Cobb jouer un solo cobbien au possible. Enfin, dans les quatre derniers morceaux, Carrie Smith est accompagnée de Harry Edison et Guy Lafitte, avec une rythmique comportant Hank Jones, George Duvivier et J.C. Heard. Guy Lafitte joue magnifiquement dans Can’t help loving that man of mine, à l’accompagnement comme en solo, et Harry Edison se montre plein d’à-propos dans le God bless the child qui, en ce qui concerne la chanteuse, n’est pas particulièrement un hommage à Billie Holiday, à qui on doit ce morceau.
Carrie Smith maîtrise à merveille tous ces contextes, qu’il s’agisse de ballades ou de morceaux plus enlevés et intensément swingués… et même parfois férocement, comme le Do you want a gal like me qui termine le recueil. C’est elle qui, chaque soir, « fait » le concert, quelle que soit la formation qui l’accompagne, en s’adaptant uniquement à telle ou telle situation par le choix des tempos et des répertoires. Ceux qui se souviennent de son apparition au festival de Montauban de 1986 ont pu mesurer à quel point la dernière des grandes divas savait faire jouer ses partenaires, y compris la rythmique (dans cet album, les cinq sections rythmiques successives sont d’ailleurs irréprochables). Et tout cela dans une sorte de sérénité exempte de tout artifice. Du grand art. (LV)
JO JONES ‒ “THE DRUMS BY JO JONES” Le cours démonstratif sur la batterie jazz - Frémeaux & Associés FA 5472 (2 CD) – Collection Panassié Sessions
CD 1 : Warm up solo, Basics-Gadgets-Effects, Rudiments, Rim shots-Tom tom, Home practis, Two beat-Four beat-Three beat, Drum solo n° 1, Accompaniment, Latin rhythms, Rock ‘n’ roll rhythms, Making changes, Drum solo n° 3, ColoursCD 2 CD 2 : Drum solo n° 2, Drummers I met (Baby Dodds, Josh, Unnamed drummer from St. Louis, Alvin Burroughs, A.G. Godley, Gene Krupa, Big Sid Catlett, Unnamed and unplaced drummer, Walter Johnson, Sonny Greer, Billy Gladstone, Manzie Campbell, Chick Webb, Baby Lovett, Jo Jones personal contribution), Dancers I met (Pete Nugent, Eddie Rector, Baby Laurence, Bill ‘Bojangles’ Robinson), Caravan (avec Milt Buckner)
Double album publié en des temps vinyliques (dont une édition japonaise !) par le label Jazz Odyssey en 1974 (et chroniqué par Hugues Panassié dans le Bulletin n° 233), réédité avec quelques inédits en un coffret de deux CD par le label Jazz Odyssey Records plus de trente ans après (et chroniqué par Hal Smith dans le Bulletin n° 551), le magnum opus de Jo Jones était devenu introuvable, sauf en profitant des agissements contrefacteurs de minables officines américaines qui ne méritent que le mépris de leurs contemporains et le silence des ténèbres extérieures.
C'est maintenant la maison Frémeaux & Associés qui est à même de combler cette lacune par une nouvelle publication du double CD de 2006, et ce exactement à l'identique, y compris le fameux livret bilingue qui vous permettra de suivre le grand batteur dans les commentaires de ses quelque 158 interventions musicales.
Avec ce double album, nous voici aussi bien dans l'historique que dans le fondamental. Fondamental, parce que le rythme étant la base même de toute musique, son incarnation dans le jazz est le jeu de batterie ; historique parce qu'on n'a pas d'autre exemple de la démarche consistant, pour un des véritables géants de l'instrument – le mot n'est pas trop fort –, à expliciter dans le détail son art et sa manière, le commentaire venant systématiquement compléter la musique. Le seul précédent qu'on pourrait invoquer est la série de solos enregistrés par Baby Dodds en 1946 pour Folkways, mais il ne s'agissait que d'aspects ponctuels dont le seul commentaire, à une exception près, résidait dans les titres des plages… ici, nous sommes dans une sorte d'anthologie commentée abordant toutes sortes d'aspects de l'art de la percussion et des outils qui vont avec.
Historique aussi par une sorte de démonstration – il n'y a qu'à l'écouter parler ‒ que l'histoire de sa technique et de ses pratiques est étroitement liée avec l'histoire du spectacle populaire en général : ce qui renvoie au « le jazz, c'est la vie » de Louis Armstrong.
Jo Jones professait que la batterie est le cœur de l'orchestre, et il ajoutait, de sa voix profonde et inimitable : « Si dans un groupe, le batteur n'est pas à la hauteur, vous n'entendrez simplement pas de musique. » Il était devenu batterie lui-même, et le spectacle commençait dès l'installation du matériel, moment où il valait mieux se faire discret, car il ne tolérait aucune présence autour de lui à ce moment-là. Un véritable cérémonial félin se déroulait alors, au ralenti, avec ses déballages, ses montages, ses essais, ses mises en place, le tout inscrit dans une sorte de ballet silencieux, sans un geste inutile, sans une interruption dans le mouvement. Puis il disparaissait pour se changer, n'apparaissant de nouveau qu'au dernier moment, pour faire exploser son énergie et sa science dès son entrée en scène.
Il est inutile d'insister sur la carrière et l'importance historique de Jo Jones : tout le monde sait, jusqu'au dernier wikipédien, qu'il s'agit d'un des plus grands batteurs de l'histoire du jazz et qu'il a grandement influencé ses confrères : influence qui n'est sans doute pas près de se tarir.
Il est tout autant inutile d'insister sur le contenu de ce double album, puisque, par une heureuse initiative qui remonte à la première publication de “The Drums”, le copieux livret qui va avec comporte l'intégralité des propos de Jo Jones et de leur traduction, avec les repères des nombreuses séquences musicales qui sont à votre disposition, et tout y passe, avec explications, rythmes, fûts, caisses, cymbales, accessoires et façon de s'en servir !
Après avoir fait le tour de la technique, Jo Jones, fin observateur qui connaissait son monde, présente à l'auditeur une quinzaine de ses confrères préférés – notoires ou méconnus, parfois même anonymes – et en brosse le portrait musical avec une pertinence et un sens du détail réellement étonnants. Et il ne s'en tient pas là… car, avant de devenir batteur, Jo Jones (qui avait également été trompettiste et pianiste connaissant le ‘stride’) avait été danseur. Il pensait que la musique et la danse sont tellement intimement liées que, disait-il « sans les danseurs, la musique n'est qu'un tas de notes jetées au hasard ». S'ensuivent donc à la fin de la seconde galette du coffret la présentation et le portrait de quatre des plus grandes figures de la ‘tap dance’, y compris celui du fameux et légendaire Bill Robinson, dit ‘Bojangles’.
Grand professionnel au caractère ombrageux, technicien hors pair, Jo Jones n'aurait pas supporté la plus petite imperfection dans ce qu'il faisait. Deux ans après avoir enregistré ce qui représente aussi une sorte de testament musical, il constata par un triste matin qu'un de ses doigts avait un peu perdu de ses possibilités.
Il arrêta alors simplement de jouer.
“The Drums by Jo Jones” : il est évident qu'un tel monument mérite son sous-titre – c'est effectivement LE cours démonstratif de la batterie jazz – et qu'il devrait figurer dans la documentation de toutes les écoles de musique aussi bien que dans la « discothèque de l'honnête homme »… et ce d'autant plus que, comme nous le faisions remarquer plus haut, jamais aucune des plus grandes figures de la batterie de jazz ne s'est livré à ce genre d'exploit pédagogique, exploit qui restera donc unique en son genre.
En fait, il s'agit d'une démarche pour laquelle Jo Jones avait été beaucoup sollicité, en raison de son talent et d'une célébrité liée en particulier à son disque “Jo Jones Trio” (Everest, 1959) et aux quatorze ans qu'il passa dans l'orchestre de Count Basie, pilier d'une section rythmique que beaucoup considèrent comme restée sans équivalent. Cet enregistrement, il l'avait refusé à tout le monde, jusqu'à ce que, à l'occasion du tournage du film L'Aventure du Jazz, il finisse par céder aux arguments conjointement déployés par Hugues et Louis Panassié.
C'est que Jo Jones avait ses têtes, dans un sens comme dans l'autre, et possédait par- dessus le marché un regard très éloquent… au fait, je ne l'ai jamais vu jeter une cymbale aux pieds de quiconque, mais, pour l'avoir un peu fréquenté, je peux vous assurer qu'il en était parfaitement capable ! (L.V.)
La chronique de L’Aventure du Jazz rédigéé par Laurent Verdeaux est publiée dans le Bulletin du HCF 659 (Mars 2017)
Le programme musical figurant sur le DVD “Le Blues de Billie Holiday” est celui qui fut chroniqué dans le Bulletin du HCF 654 lors de sa publication en CD. On invitera de ce fait les lecteurs à se reporter à l’analyse pertinente de Christian Sabouret ainsi qu’à l’information exhaustive fournie par son article (titres, personnel, identité des solistes). La chronique ci-après traitera seulement de la représentation scénique correspondante, filmée à l’Espace Culturel des Terreaux de Lausanne le 3 octobre 2015.
Une large estrade surélevée, coupée en son centre par un escalier descendant vers la scène et séparant l’orchestre du Swiss Yerba Buena en deux groupes (les cinq rythmiciens à gauche, les six « souffleurs » à droite)1 : tel se présente le sobre décor de ce spectacle monté à l’occasion du 100e anniversaire de la naissance de Billie Holiday. C’est dans ce cadre que le scénario écrit et mis en scène par Jean Chollet se propose de narrer quelques épisodes de la vie de l’artiste et de les illustrer par la musique et le chant : en résultent vingt-deux interprétations (une seule sans vocal) séparées par un récitatif ou de brefs dialogues.
La narratrice et vocaliste n’est autre que Nicolle Rochelle, relevant le défi d’incarner Lady Day durant près de deux heures, ne quittant la scène que pour changer de toilette le temps d’un chorus instrumental. Performance donc, de chanteuse bien sûr, mais aussi de comédienne en raison de la densité de son monologue et des variations de ton qu’il imposait : il fallait en effet un vrai professionnalisme pour évoquer la personnalité complexe de Billie Holiday et rendre compte des événements tantôt heureux, tantôt douloureux, voire tragiques, de son existence. Nicolle Rochelle excelle dans ces changements de registre : c’est par exemple la joie de Billie d’enregistrer son premier disque (séquence Your mother’s son in law) ou de rencontrer Lester Young (I’ll never be the same), alternant avec la narration de ses déboires amoureux (Don’t explain) ou la brutale annonce de la mort de son père ; ailleurs, c’est sa fierté d’être engagée à l’Opera House (Swing brother swing), puis de triompher au Carnegie Hall (Night and day et With thee I swing) ou de participer au « théâtre aux armées » (The way you look tonight), s’entremêlant avec le récit des humiliations de son procès et de sa détention (Good morning heartache). Au cœur de ce parcours mouvementé, on relèvera deux séquences particulièrement prenantes : l’interprétation de Strange fruit (dont le premier couplet est exprimé en français) avec tout son arrière-plan d’atrocités et de souffrances liées à la discrimination, et celle de When it’s sleepy time down South, seul titre « imposé » par la chanteuse en hommage à Jérôme Savary, créateur du spectacle À la recherche de Joséphine qui la révéla (le thème avait été interprété lors des obsèques de l’homme de théâtre).
Comme il n’était pas question d’imiter le style vocal de Lady Day, Nicolle Rochelle se limite à en traduire les particularités les plus apparentes telles que la prononciation toujours nette, les intonations flexibles, les accentuations « traînantes » de certaines syllabes. Et comme Billie n’avait pas de formation de danseuse, celle qui tient son rôle renonce (encore que…)à sa mobilité coutumière, attrayant « contrepoint chorégraphique » de ses concerts – que l’on retrouvera, inchangé, dans l’ultime séquence en forme de « rappel » hors scénario.
L’intéressant bonus donne la parole à Béat Clerc, trompette et leader du Swiss Yerba Buena : il conte la genèse d’un projet d’autant plus novateur que le répertoire de l’orchestre était plutôt tourné vers la musique des années précédant la ‘swing era’. Se souvenant du spectacle voué « à la recherche de Joséphine », il part « à la recherche de Billie » et finit par joindre Nicole Rochelle, immédiatement séduite par cette entreprise ambitieuse. S’ensuivra un long travail de préparation (la chanteuse ne connaissait qu’un faible nombre des vingt et un thèmes choisis) et de mise en place (vous assisterez à une séance de répétition avec la vedette sans l’orchestre). Dans une brève interview, Nicolle Rochelle dit sa chance et son honneur d’avoir pris part à cette aventure réussie, mais on n’aura garde de disjoindre son talent de celui des musiciens et des arrangeurs du Swiss Yerba Buena que la chronique de Christian Sabouret avait salué sans réserve2.
En somme une représentation captivante dont on appréciera aussi la scénographie dépouillée : au hasard des séquences, quelques accessoires pour suggérer tel environnement, quelques modifications d’éclairage pour traduire telle ambiance. Le filmage, à plusieurs caméras mais économe en mouvements d’appareil, propose des plans diversifiés mais sobrement agencés.
Le Blues de Billie Holiday est un spectacle original, conçu avec intelligence et réalisé avec enthousiasme. C’est assez dire qu’on le recommandera à nos lecteurs. (J.C.)
Alors que paraissait l’article de Jacques Morgantini (voir Bulletin 657), parvenait à la rédaction la biographie de Milton Buckner due à la plume de Willard Woodward. Comment mieux commémorer le quarantième anniversaire de la disparition de celui que l’auteur qualifie d’unique ?
Structuré en dix chapitres, l’ouvrage retrace dans les moindres détails la vie personnelle et la carrière professionnelle du musicien : de St. Louis, Missouri (où il voit le jour le 10 juillet 1915), à Chicago, Illinois (où il décède le 27 juillet 1977), de Detroit (lieu de ses premiers pas dans le monde musical dès le début des années 30) aux tournées européennes des années 70. Deux périodes importantes sont particulièrement mises en valeur. La première est le double séjour (1941-1948 et 1950-1952) de Buckner au sein de l’orchestre de Lionel Hampton auquel sont consacrés trois chapitres (l’un d’eux, intitulé « On the Road with Hampton », énumère, année par année, l’itinéraire des tournées de l’orchestre à travers les États-Unis). L’auteur insiste sur le rôle essentiel de Milt, non seulement comme pianiste de la formation, mais aussi (et peut-être surtout) comme arrangeur des principaux succès hamptoniens : Hamp’s Boogie Woogie, He-Ba-Ba-Re-Bop, Goldwyn Stomp, Million Dollar Smile (chanté par Dinah Washington), Slide, Hamp, Slide, et même Flying Home, pour lequel Buckner déclarait avoir écrit une quinzaine d’arrangements (p. 20) ! Tout cela pour un salaire de misère, car Hampton avait la réputation de peu rémunérer ses musiciens, si bien qu’ils le surnommaient « Crime » parce que, c’est bien connu, « le crime ne paie pas » (p. 21).
La seconde période essentielle pour Buckner, ce sont les dix dernières années de sa vie qui forgèrent sa renommée internationale. Chaque année en effet, de 1966 à 1977, il passait une partie de l’année en Europe, se produisant « dans des clubs ou en concert […] avec des musiciens remarquables » (p. 123), parmi lesquels on peut citer Buddy Tate, Illinois Jacquet, Slam Stewart et Jo Jones. Étonné de l’accueil qui lui est chaque fois réservé, Milt écrit à sa femme : « C’est formidable de s’apercevoir qu’on est une star quelque part dans le monde. J’ai signé des milliers d’autographes et les gens me reconnaissent dans la rue… » (p. 126). L’itinéraire européen est minutieusement décrit dans le chapitre 10 intitulé à juste titre « A Star in Europe ».
Trois chapitres interrompent la stricte chronologie pour définir les caractéristiques de l’orgue Hammond (modèle B-3), pour préciser le rôle innovateur de Buckner sur l’instrument dans l’histoire du jazz, pour cerner enfin la personnalité du musicien, ‘entertainer’ dans la lignée de Fats Waller : « Fats était le meilleur des ‘showmen’, ce qui est très rare. Il y a beaucoup de bons musiciens, mais peu de ‘showmen’. Jo Jones par exemple est à la fois musicien et ‘showman’. C’est ce que j’essaie d’être. Les gens qui viennent nous écouter ne sont pas tous des musiciens. Ils ont donc besoin de comprendre et d’aimer ce que nous jouons », déclarait Milt en 1972 (p. 84). Quant au caractère du musicien, il est ainsi résumé par sa fille : « C’était un grand cœur. Quand il apparaissait, on savait que la journée serait heureuse… Il était gentil avec tout le monde, avait l’esprit ouvert et ne se plaignait jamais » (p. 88).
L’auteur, scientifique de formation, également pianiste et organiste, livre ici une biographie extrêmement documentée. Il a réuni tout ce qui pouvait être collecté sur Milton Buckner : témoignages de musiciens, programmes, affiches, articles de journaux et de magazines (le Bulletin du HCF n’est pas oublié) ; il a aussi bénéficié de l’aide précieuse de la fille aînée du musicien, Carole Buckner Aringdale, qui lui a fourni documents personnels et photographies familiales. C’est dire si l’ouvrage fourmille d’informations de première main. Enfin l’abondante production discographique est recensée à chaque étape de la carrière de Milton, et des annexes, en fin de volume, listent les compositions, les arrangements et les vidéos (essentiellement disponibles sur le site YouTube). Bibliographie et index complètent cette indispensable biographie rédigée dans un anglais très accessible. (A.C.)
GRAND PRIX EX ÆQUO
PRIX CONCERTS INÉDITS
à Black & Blue
pour sa série “Nice Jazz 1978”
8 CD réf. BB 1000, 1001, 1002,
1004, 1005, 1006, 1007 et 1008
PRIX RÉÉDITIONS
pour “L'Aventure du Jazz”, FA 5666
et
“The Drums by Jo Jones”, FA 5472
PRIX LIVRE
à Willard ‘Woody’ Woodward
Milt Buckner
“The Life and Music of a Unique
Jazz Pianist and Organist”
Editions Willard E. Woodward